En décidant de retirer les forces Barkhane et Takuba du Mali, suite au comportement dit « provoquant et inacceptable» de la junte au pouvoir, les autorités françaises ont juré d’isoler le Mali sur la scène internationale. Mais un constat d’échec de ce projet d’isolation du Mali se profile à l’horizon au regard de l’évolution de la situation.
Les hostilités entre le Mali et la France ont atteint, ces dernières semaines, leur paroxysme. Ces hostilités ont commencé le jour où le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maiga a osé dire à la tribune des Nations Unies que « la France a abandonné le Mali en plein vol », faisant ainsi allusion à la décision des autorités françaises d’évacuer leurs bases militaires de Kidal et de Tombouctou, des localités considérées comme des sanctuaires terroristes. La situation est devenue délétère entre les deux pays à cause de l’incapacité des autorités de transition à tenir leur promesse d’organiser les élections aux dates fixées. S’y ajoute, le refus des autorités maliennes d’accepter les forces spéciales danoises au sein des forces Takuba déployées dans la zone des trois frontières. Aussi, la résistance et les répliques de la junte militaire au pouvoir face aux injonctions et aux insultes de l’Elysée sont considérées comme une « provocation inacceptable » par Paris pour justifier la décision de retrait des forces Barkhane et Takuba du Mali. Un comportement qui, selon la France, ne restera pas impuni.
Pour mettre sa menace en exécution, la France a d’abord ordonné à la CEDEAO et l’UEMOA à prendre des sanctions sévères à l’encontre du Mali. Ce qui a été fait le 9 janvier 2022 à Accra. La France, aux dires du ministre malien des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, est le premier pays en Europe qui a officiellement entériné les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA à l’encontre du Mali. Comme si cela ne suffisait pas, la France qui préside le Conseil de l’Union européenne, a obligé, sans convaincre, les pays membres de cette organisation à soutenir les sanctions de la CEDEAO contre le Mali.
Toujours insatisfaite, la France a tenté, à deux reprises, de faire soutenir par le Conseil de Sécurité de l’ONU, les sanctions de la CEDEAO et l’UEMOA à l’encontre du Mali, sans succès. Cette proposition française empreinte d’hostilité à l’égard du Mali a été bloquée par la Chine et la Russie qui constituent des partenaires historiques et stratégiques du Mali.
A la veille, du sommet Afrique-Europe 2022, un dîner a été improvisé par l’Elysée afin de convaincre des chefs d’Etats africains d’abandonner ou à faire davantage du mal à un Mali « insoumis ». Curieusement, au lendemain du sommet Afrique-France, le chef de l’Etat tchadien, Mahamat Idriss Deby Itno, a été on ne peut plus clair : « Ce n’est pas le moment d’abandonner le Mali ». Il a promis d’envoyer au Mali 1000 soldats tchadiens au Mali pour renforcer les forces onusiennes, cela en accord avec les autorités de Bamako. Cette décision du président tchadien prouve que les manigances de Paris peinent à porter fruit.
Une diplomatie malienne de plus en plus dynamique
A Bamako, les autorités de transition ne dorment pas sur leurs oreillers pour déjouer les différents complots de la France contre le Mali. Elles multiplient les concertations avec les partenaires pour, non seulement, leur expliquer la situation difficile du Mali, mais aussi pour redynamiser les coopérations bilatérales. C’est dans cette dynamique que le représentant spécial des Nations- Unies au Mali a été reçu par le ministre malien de la Défense et des Anciens Combattants, le 22 février dernier. « J’ai eu une excellente entrevue avec le ministre Sadio Camara qui a permis d’avancer sur la voie d’un partenariat encore plus ficelé », a laissé entendre le représentant spécial de l’ONU au Mali. La même assurance a été donnée par le chef d’état-major de la capacité de commandement de l’Union européenne (EUTM) au Mali lors d’une concertation avec le ministre de la Défense et des Anciens Combattants. La semaine dernière, les représentants diplomatiques de plusieurs pays au Mali ont été reçus en audience par le président de la transition et par le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Abdoulaye Diop. Il s’agit, entre autre autres, des Ambassadeurs d’Iran, d’Arabie Saoudite, d’Inde d’Espagne, des Etats-Unis… Toutes ces personnalités reçues en audience par les autorités de la transition ont réitéré la volonté de leurs Etats à accompagner le Mali dans cette traversée du désert. Toute chose qui confirme la bonne santé des relations entre ces pays et le Mali. Et cela prouve à suffisance que le sombre projet de la France qui consiste à isoler le Mali du reste monde, est loin d’être réalisé.
Aboubacar Berthé
Source: Serment du Mali
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