Les membres du Conseil National de Transition (CNT) ont adopté une nouvelle version de la Charte de la Transition. Sans surprise, elle a été adoptée par 120 voix, zéro contre, zéro abstention. Mais cette modification de la charte suscite déjà des interrogations.
Face à l’impossibilité d’organiser des élections qui devraient, en principe, mettre fin à la transition en ce mois de février 2022, les autorités de la transition ont convoqué une session extraordinaire du CNT pour réviser la charte de la transition, afin de l’adapter au nouveau contexte du pays et aux ambitions de la junte.
Des dispositions importantes de la charte ont été retouchées par les membres du CNT. Il s’agit, entre autres, celles à polémique relatives à la durée de la transition, à la candidature des autorités de la transition aux futures élections et au nombre des membres du CNT.
Dans sa version initiale, la charte de la transition indiquait que la durée de la transition est fixée pour 18 mois. La nouvelle version indique la transition prendra fin par l’organisation des élections et la passation du pouvoir au président élu. Quant à durée de cette transition, la charte se conforme aux recommandations issues des assises nationales de la refondation, lesquelles prévoient une durée de 6 mois à 5 ans.
Par rapport à ce point, des analystes estiment qu’en ne donnant pas une durée précise à la transition, les autorités de la transition ambitionnent de s’éterniser au pouvoir, après avoir pris goût des grosses cylindrées, de l’eau minérale et de la climatisation. C’est surtout cette couleur de rester au pouvoir qu’elles ont montré lors du sommet d’Accra du 9 janvier 2022 qui a valu des sanctions sévères de la CEDEAO et de l’UEMOA à l’encontre du Mali.
La nouvelle charte reste également floue sur la question de la candidature des autorités de la transition aux élections présidentielle et législative. Si l’ancienne qui indiquait clairement que les autorités de la transition (les membres du CNT, le président de la transition et vice-président) ne peuvent faire acte de candidature aux élections présidentielle et législative, la nouvelle Charte n’interdit que le président de la transition à se présenter à ces élections. En cas de vacance de ce dernier, la présidence de la transition sera assurée par le président du CNT.
Dans la nouvelle version de la charte, le nombre des membres du CNT qui était à 121 membres, est revu à la hausse pour atteindre 147 membres. Il s’agit là aussi d’une disposition qui contraste avec les discours presque populistes des autorités de la transition qui avaient promis une la diminution des dépenses et du train de vie de l’état. La prise en charge de 26 conseillers supplémentaires au CNT n’est-elle pas une dépense de trop pour la caisse publique qui est déjà désespérément vide suite à la crise du covid, à l’abandon du Mali par des partenaires et aux sanctions de la CEDEAO à l’encontre du Mali ? La nouvelle prévoit un élargissement du gouvernement. Le seul argument avancé pour justifier l’augmentation des effectifs du CNT et du gouvernement est « l’inclusivité », alors que c’est pour inviter des copines et les pseudo-alliés de la transition à la soupe.
Le hic est que l’élargissement de ces institutions (CNT, gouvernement) intervient à un moment où les autorités de transition sollicitent le soutien des populations qui ont déjà trop souffert de cette crise politico-sécuritaire. La question qui reste posée est à quand les vraies préoccupations des populations maliennes seront prises en compte par ces autorités de la transition qui se hâtent très lentement pour organiser les élections?
Aboubacar Berthé
Source: le Serment du Mali