L’incertitude plane sur la campagne agricole 2022-2023 Mali, à cause de la crise d’engrais. La quantité d’engrais nécessaire pour la campagne agricole n’est pas encore disponible dans les magasins de la CMDT (Compagnie Malienne de Développement des Textiles) au moment où certaines zones agricoles ont déjà enregistré leurs premières pluies d’hivernage.
Cette crise d’engrais qui est mondiale inquiète plus d’un malien pour qui connait la place de lengrais dans l’agriculture surtout dans la culture du coton et des céréales au Mali. La CMDT est la plus grande consommatrice des engrais utilisés pour la production du coton et des céréales au Mali. Pour la campagne qui démarre, les besoins de la zone CMDT pour la culture du coton est estimé à 108 000 tonnes d’engrais et 94 000 tonnes d’urée. Pour la culture des céréales dans la même zone, le besoin est estimé à 58 000 tonnes d’engrais. Selon plusieurs sources, moins de 10% des quantités d’engrais commandées ne sont pas encore disponibles dans les zones CMDT. Alors que les agriculteurs n’attendent que l’engrais pour démarrer la campagne cotonnière de cette année. Contrairement à la campagne écoulée qui a fait du mois premier pays producteur du coton graines en Afrique avec plus de 777000 tonnes de coton graines, celle de cette année tend vers un échec, du moins si rien n’est fait pour éradiquer la crise d’engrais.
Tous les experts de la CMDT sont unanimes quun échec de la production cotonnière serait synonyme d’échec de la production céréalière dans les zones CMDT. C’est pourquoi les plus hautes autorités de la transition fondent beaucoup d’espoir sur la culture du coton laquelle, permettra d’assurer l’autosuffisance alimentaire mais aussi relancer la croissance économique du pays qui vit une crise multidimensionnelle depuis dix ans.
Même si la crise de l’engrais est mondiale à cause de la guerre en Ukraine, la pénurie de l’engrais est imputable au manque de vision de certains responsables du monde agricole qui ne visent que leurs intérêts.
Selon des sources proches du dossier, le Mali pouvait s’approvisionner en engrais et à moindre coût avant l’éclatement de la guerre en Ukraine, mais cela n’a pu être le cas à cause des querelles de leadership au sein de la Confédération des Sociétés coopératives Producteur du coton (CSPC), organe habilité à passer des appels d’offre pour la fourniture des engrais au compte de la CMDT. Il a fallu attendre la nomination d’un administrateur judiciaire à la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs du coton (CSPC) pour lancer le processus de commande des engrais. Toute chose qui explique ce retard dans l’approvisionnement du pays en engrais. D’autres sources pointent du doigt le PDG de la CMDT, Dr Nango Dembélé qui n’aurait pas voulu que ses détracteurs qui réclamaient la présidence de la CSPC fassent la commande des engrais pendant qu’il était encore temps. Quoi qu’il en soit, il faut déplorer lattitude irresponsable de certains responsables qui est en passe de causer du tort à l’ensemble de la nation et en particulier au monde rural.
La crise d’engrais aura des conséquences graves sur la campagne agricole mais aussi en terme financier pour le Mali. Nos sources indiquent qu’en faisant la commande en retard, le Mali achètera l’engrais trois fois plus cher que d’autres pays qui ont fait leur commande en avance. Les mêmes sources expliquent qu’au moment où le Mali passait la commande en décembre dernier, la tonne d’engrais était vendue à 620 000 FCFA, alors que la tonne environne actuellement les 800 000 FCFA sur le marché mondial. Cela constitue une énorme perte pour la caisse publique qui subventionne déjà les engrais à coût de milliards de franc CFA pour les producteurs. Plus grave, il nous est revenu que même avec l’argent disponible dans la caisse, rien n’est sûr que les engrais commandés seront acquis au moment souhaité.
Aboubacar Berthé
Source: le Serment du Mali