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La liberté de la presse menacée au Mali par suspension de Joliba TV News par la HAC

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Après un premier avertissement en octobre dernier, la Haute autorité de la communication (HAC) vient de suspendre Joliba TV News pour une période de deux mois pour raison d’un éditorial qui reprochait au pouvoir son populisme. L’information a été partagée sur les réseaux sociaux par de nombreux journalistes. Selon leurs post, la Haute Autorité de la Communication (HAC) a sanctionné la chaîne de télévision suite à un édito diffusé le 30 septembre dernier.
L’édito en question avait suscité une réaction ulcérée des autorités du pays et de la HAC qui ont envoyé une mise en demeure au média. Selon le régulateur, l’édito comporte des « propos diffamatoires et des accusations infondées » à l’encontre des autorités de la transition.
La décision de suspension a été prise ce mercredi 2 novembre 2022, sous la signature du Président de la HAC, Me Fodié TOURÉ.
Cette décision est l’épilogue d’un long bras de fer entamé depuis plus d’un mois.
Suivant les termes de la Dans sa décision en son article 1er : « L’autorisation d’établissement, d’exploitation et de diffusion accordée à Joliba TV News par la Convention n°49/HAC-Mali du 29 décembre 2017 est suspendu pour une période de deux mois».
Par ailleurs, l’article 2 ajoute : «La Haute autorité de la communication, les distributeurs de programmes audiovisuels, les Diffuseurs publics et privés, les sociétés de téléphonie mobile, les organismes de médias en ligne et tous autres services techniques de l’Etat sont chargés chacun en ce qui le concerne de l’exécution de la présente décision ».
Dans un communiqué rendu public hier dans la matinée, le Maison de la presse a déploré cette suspension et invite la HAC à examiner le recours gracieux introduit par le medias incriminé.
Par la même, la Maison de la presse sollicite sa clémence pour lever la décision de suspension de Djoliba TV afin d’éviter ses conséquences sur la chaine.
Par Saba BALLO
Liberté  lade Dela presse:  régulation du débat politique à la vacuité de la HAC au Mali.

Qu’est ce qui a bien pu faire sombrer notre très solennelle Haute Autorité de la Communication, la HAC dans l’insignifiance d’un régentisme de bas étage dans la désormais tristement célèbre affaire de Djoliba TV ?
De la régulation à la régence, il n’y a qu’un pas.
De la garde des vertus de la République au camelot du Roi, il n’y a qu’un pas.
Il y a urgence à agir et à dire non pour défendre la République, la liberté d’expression, le droit à l’information, la presse libre et indépendante et l’émergence d’un véritable quatrième pouvoir par la dépénalisation totale des délits de presse.
Dans un communiqué d’une vacuité sans précédent au sens étymologique du terme, vacuité s’entendant en vide intellectuel, la haute autorité de la communication, s’en prend à un organe de presse et un journaliste, sommés de s’expliquer sur l’emploi «d’expressions à forte connotation péjorative » à l’endroit des autorités de la transition d’une part et d’autre part pour avoir eu le front de la rappeler, elle en sa qualité de régulateur, à l’exercice pleine et entière de ses prérogatives de la régulation du secteur de la communication audiovisuelle, de la presse écrite, de la publicité par voie de presse audiovisuelle et écrite, de la distribution, de la mise à disposition et la commercialisation d’images par voie hertzienne terrestre, par satellite ou par câble et dans le secteur des technologies de l’information et de la communication.
Si j’en juge par l’immensité des missions qui lui sont assignées en vertu de la loi dans un pays où l’Etat est aujourd’hui affaibli et absent sur bien des pans de son magistère et que notre jeunesse est livrée à elle-même, perdue et écartelée entre activistes de tous poils et prophètes mégalomanes et bonimenteurs, je crois rêver et assister, moi qui suis un enfant de la révolution de mars 91, à la seconde mise à mort de nos martyrs, morts pour rien finalement si on a plus le droit ,dans le Mali d’aujourd’hui, de dire NON tout simplement pour le plaisir de dire NON et d’aller à contre-courant selon ses désirs et ses convenances.
Dans une République à la démocratie abimée comme celle du Mali cherchant sa voie et sa voix, qu’est ce qui doit compter le plus pour nous aujourd’hui ?
La défense des principes ou la défense du prince ?
Qu’est ce qui doit le plus importer pour nous ?
Construire une démocratie virile qui s’exprime et s’épanouit dans l’équilibre des contestations dialectiques ou bâtir le règne de la pensée unique, linéaire et uniforme dans lequel toute idée dissonante serait péjorative et considérée comme une insolence indécente et intolérable qu’il faudrait punir pour donner l’exemple?
Que fait la HAC aujourd’hui pour la défense des valeurs de la démocratie à savoir la laïcité, les libertés d’associations, de concscience et d’opinions ?
Que fait-elle contre la déconstruction méthodique et programmée de notre identité culturelle pluraliste ?
Que fait-elle pour la protection du jeune public malien face à la profusion des violences de de toutes sortes diffusées sur les réseaux, à la télé et dans nos radios ?
Que fait la HAC pour protéger le consommateur malien contre le cancer de la publicité mensongère et le prosélytisme religieux dont notre pays serait, sans conteste, le paradis sur terre ?
Chaque jour que le bon dieu fait, des charlatans prennent d’assaut les trois milles radios sur le territoire national, chacun promet la fortune, le succès, le Visa, la mariage forcé peiut) être, la guérison de toute maladie imaginaire comme si nous vivions du temps de Simon le mage. Le modus operandi est toujours le même, dès que le charlatan apparaît des complices rabatteurs appellent via les ondes de la radio pour confirmer telle ou miracle et la mayonnaise prend. Chacun aura sa part dans la recette journalière, la radio, les rabatteurs et le charlatan lui-même, tant pis les citoyens de bonne foi qui sont pris dans la nasse.

Je suis écœuré par le silence coupable de la HAC qui est totalement absente sur ce registre, la prévention et la protection des citoyens contre la manipulation des masses.
La publicité mensongère fait des ravages chez nous et ce, dans un silence sidérant. Le plus grave, c’est la situation des plus fragiles, ceux qui n’ont plus le choix comme le lot des grands malades dont certains arrêtent tout protocole médical pour aller littéralement mourir chez des faux prophètes dont les miracles leur sont contés à longueur de journée via les radios et sur les réseaux sociaux. Ils sont connus, ils sont célèbres et ils ne se cachent point.
C’est vrai qu’il est impossible d’empêcher les citoyens de croire ou de ne pas croire au miracle mais inversement il est absolument facile pour la HAC de sommer, suspendre et faire arrêter cette propagande désastreuse par voie de presse interposée.
Cela assurément constitue une œuvre de salubrité publique qui peut être porté au crédit d’une HAC forte et impartiale. Au BENIN, cette publicité est désormais proscrite et tout organe de presse qui transgresse la loi est lourdement sanctionnée.
Je suis écœuré quand j’assiste à mon corps défendant à ce débat honteux mené publiquement sur les réseaux sociaux sur l’art notamment la musique quand on sait qu’au Mali, la classe sociale des griots vit de cet art séculaire depuis la nuit des temps.
Moi, je suis fier d’appartenir à cette nation multiculturelle et multiconfessionnelle de Bazoumana SISSOKO dit Bazoumana Ba dont la voix et le son du n’gonni royale ont cessé de nous parler, de Siramory DIABATÉ, Djeli Baba Sissoko, Tara BOUARÉ, Haïra Arby et tant d’autres qui ont porté haut la culture du Mali à travers le monde.
Je suis fier de tous ces derniers résistants qui ont encore le courage et la dignité de rester tels qu’ils sont en application de l’article 1er du Kouroukanfouga qui divise la société du manden et assigne à chaque groupe social un rôle spécifique et qui a consacré, bien avant la France de 1789, le principe de la laïcité et du vivre ensemble ( bè ki ta kè bogna ni karama la).
Aujourd’hui, les attaques par de voie de presse interposée aux croyances et au savoir-faire des citoyens pour quelque motif que ce soit sapent les fondements de notre société et méritent amplement une réaction de la HAC.
J’ai peur pour ce pays.
Je termine par ces mots prémonitoires : l’intérêt pour l’anarchie augmente à mesure que la République s’éloignera de la protection du Bien Commun, de la défense des principes pour faire l’apologie des princes consorts.
Il revient à la HAC de veiller en toute indépendance et en toute impartialité, au respect de l’expression de la démocratie et de la liberté de la presse sur toute l’étendue du territoire et à l’accès des citoyens à une communication libre et contradictoire.
La HAC, c’est le respect et la protection des droits et libertés individuels. Elle peut s’autosaisir mais elle ne peut et ne doit le faire selon une jurisprudence constante universelle qu’en cas d’extrême urgence et motif grave. L’extrême urgence, c’est le risque de trouble à l’ordre public et le motif grave, l’injure.
Ici, les griefs retenus à savoir la connotation péjorative, la pensée unique dans un pays, le refus du débat contradictoire argument contre argument ne peuvent nullement, même dans les rêves les plus fous, justifier cette sortie de la HAC.
Aujourd’hui plus que jamais, moi aussi je suis Mohamed Attaher et je suis Djoliba TV.

Me Alassane Aldior DIOP

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