Dr Sékou KEITA, président de la coordination jeunes du Mandé: «Les groupes terroristes commencent à se signaler dans la zone»
La coordination des jeunes du Mandé (CJM-Mali) a organisé ce vendredi 10 février 2023 un meeting à Kangaba consacré aux événements tragiques survenus dans la commune rurale Nouga (Kangaba) ayant une quarantaine de victimes le 10 janvier 2023. Sur la tribune de cette manifestation, le président de la Coordination des jeunes du Mandé (CJM-Mali) a fait une intervention très remarquée. Il ressort de son intervention que le niveau de l’insécurité est très élevé. «On ne peut pas prendre une seule route ici dans le Mandé sans craindre pour sa vie. Cette insécurité généralisée est caractérisée par la circulation d’armes à feu, voire des armes de guerre à la disposition des populations civiles, notamment les Tonbolomans (ndlr groupes locaux de sécurité).Les autorités doivent prendre les dispositions pour désarmer les gens », a-t-il demandé.
Nous vous proposons ici un extrait de cette intervention qui fera certainement date dans le Mandé.
Je salue la présence des délégations venues Danga et Tombola dans la commune rurale de de Nouga. Le Mandé a toujours connu des cas de violences, mais celles intervenues à entre Nouga et Tombola ont un caractère particulier. Et en plus de ces tensions entre les communautés, nous constatons que les groupes terroristes commencent à se signaler dans la zone. Nous devons comprendre que nous sommes les mêmes, nous sommes tous des frères. Mais dans la vie, même la langue et les dents s’accrochent souvent. Mais, après ces genres d’incidents, nous devons nous ressaisir, nous réconcilier en toute fraternité.
C’est pourquoi, j’invite les populations de Danga et Tombola, particulièrement les jeunes, à surmonter la douleur et à se réconcilier au nom du Mandé pour que plus jamais, ces genres d’événements n’arrivent dans le Mandé.
Nous regrettons de constater que le Mandé a été abandonné à la suite de ces événements douloureux.
Nous précisons que n’avons pas été abandonnés par les autorités nationales, car nous avons constaté qu’elles n’avaient pas reçu la bonne information.
Nous aimons ce pays et nous avons le devoir d’attirer l’attention des autorités sur ce qui ne va pas dans le pays.
Dans un premier temps, on avait envisagé de faire une marche. Compte tenu de la situation sécuritaire, les personnes âgées et les notabilités nous ont demandé de surseoir à la marche qui présentait des risques.
J’invite les jeunes à faire preuve de raison. Il faut respecter les textes de notre pays, respecter nos us et coutumes.
Cette mobilisation prouve que vous êtes patriotes.
Dans l’espace Mandé, de Kita à Kéniéba ; de Bafoulabé à Sélingué en passant par Kangaba, nous souffrons beaucoup. Le niveau de l’insécurité est très élevé. On ne peut pas prendre une seule route ici dans le Mandé sans craindre pour sa vie. Cette insécurité généralisée est caractérisée par la circulation d’armes à feu, voire des armes de guerre à la disposition des populations civiles, notamment les ‘’Tonbolomans’’ (ndlr groupes locaux de sécurité).
Les autorités doivent prendre des dispositions pour désarmer les gens. Il faut que les populations civiles acceptent aussi de collaborer avec les autorités militaires dans le cadre de ce processus de désarmement.
Il faut déposer les armes pour faire la paix, restaurer nos valeurs ancestrales.
Nous devons faire attention, car nous n’avons que ce pays en partage. Il faut que le sud du Mali reste à l’abri du terrorisme. En entretenant des tensions entre nous, nous prêtons le flanc aux terroristes.
Pendant ce temps, les ennemis du Mali vont dire : le sud aussi à basculer. Mais le sud n’a pas basculé, parce que le Mandé reste et restera toujours débout, plus solidaire pour un Mali uni et débout, déterminer pour le développement de ce pays. Le Mandé ne doit jamais tanguer, car le Mandé est l’épine dorsale du Mali. Le Mali est issue de l’Empire du Mandé qui a créé les Charte de Kurukan Fouga qui reste de nos jours une référence en matière de Constitution.
C’est pourquoi, nous devons nous donner main. Nous sommes un grand peuple, un peuple travailleur, donc, travaillons et tournons le dos à la violence. Si nous acceptons de travailler la terre, le Mandé peut nourrir le Mali, car nous disposons de beaucoup de potentialités agricoles et il pleut beaucoup ici.
Ici au Mandé, nous souffrons aussi du laxisme des autorités administratives et judiciaires, de la corruption. Ces pratiques sont contraires aux idéaux de la transition et du Mali Kura.
Quand il y a eu ces événements malheureux de Nouga, la moindre des choses était d’appeler nos chefs coutumiers et traditionnels. Mais malgré la gravité de la situation, nous n’avons même pas eu droit à un communiqué officiel.
C’est la raison pour laquelle la jeunesse était très remontée contre les autorités.
On avait souhaité marcher pour exprimer notre colère avant qu’on nous demande de renoncer. Cultivons l’unité et la cohésion.
C’est dans ce cadre que nous avons décidé de nous mobiliser pour demander à Nouga et Tombola de faire la paix.
La jeunesse des 9 communes du cercle de Kangaba, à savoir : Balan Bakama, Benkadi, Kaniogo, Karan, Maramandougou, Minidian, Naréna, Nouga et Séléfougou ; toute la jeunesse du Mandé, de Kita à Kéniéba ; de Bafoulabé à Sélingué en passant par Kangaba, a élaboré un mémorandum qui sera transmis aux autorités. Au-delà du Mémorandum, nous allons signer des pactes pour la paix et la cohésion entre les populations du Mandé.
La première partie porte sur l’engagement de la jeunesse du Mandé ; et la deuxième partie traite des appels à l’attention des autorités du pays.
Par Abdoulaye OUATTARA
Danayamedia