Venu présenter le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la situation dans ce pays, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, El-Ghassim Wane, s’est dit « bouleversé » par la détresse des personnes déplacées qu’il a rencontrées, il y a trois semaines à Ménaka, dans l’est du Mali. Avec plus de 30.000 personnes déplacées vers Ménaka depuis le début 2022 et environ 2.400 autres réfugiées au nord du camp de la MINUSMA à Ménaka, la situation est « catastrophique », selon El-Ghassim WANE.
Cette région est l’épicentre des affrontements que se livrent les organisations terroristes État islamique du Grand Sahara (EIGS) et Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM) pour le contrôle des voies d’approvisionnement.
Depuis le début de l’année, a fait savoir El-Ghassim Wane, la situation s’est encore davantage aggravée avec la recrudescence des affrontements entre l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Jamāʿat Nuṣrat al-Islām wal-Muslimīn (JNIM), qui sont en compétition pour accroitre leurs zones d’influence et contrôler les voies d’approvisionnement. Ils se livrent à des attaques incessantes contre les populations civiles.
A peu près à la même époque de l’année dernière, a-t-il rappelé, la MINUSMA avait attiré l’attention du Conseil sur la crise sécuritaire en cours dans la région de Ménaka, dans le nord-est du Mali.
Par la suite, en juin de la même année, le Chef de la MINUSMA avait réitéré ses préoccupations sur la détérioration de l’environnement sécuritaire et son impact sur la protection des civils.
Sur place, le chef de la MINUSMA a pu mesurer l’impact « dévastateur » des déplacements de populations qui l’ont supplié de leur donner de l’eau potable.
Avec plus de 30.000 personnes déplacées vers Ménaka depuis le début 2022 et environ 2.400 autres réfugiées au nord du camp de la MINUSMA à Ménaka, la situation est « catastrophique », selon El-Ghassim Wane.
Capacités limitées.
Toutefois, a-t-il fait savoir, les Forces de défense et de sécurité maliennes conduisent des opérations contre l’Etat islamique autour de la ville Ménaka et dans les zones plus au sud, incluant Indelimane, tout en effectuant des escortes de convoi le long de l’axe Ménaka-Anderamboukane et sur la route entre Ménaka et Ansongo.
Par ailleurs, le 24 mars, les forces armées nigériennes ont annoncé avoir mené des opérations visant à poursuivre des éléments de l’Etat islamique à Hamarat, dans la région de Ménaka.
Malgré tout, la situation sécuritaire et humanitaire demeure catastrophique, avec maintenant plus de 30 000 personnes déplacées ayant convergé vers la ville de Ménaka depuis le début de l’année dernière. Environ 2 400 déplacés ont aussi trouvé refuge dans une zone située à moins de deux kilomètres au nord du camp de la MINUSMA à Ménaka.
Sous pression des Forces de défense et de sécurité maliennes, les groupes extrémistes y ont accru leur recours à des engins explosifs improvisés, tout en menant des attaques surprises contre plusieurs postes de police le long des principaux axes d’approvisionnement.
Dans cet environnement de plus en plus complexe, la MINUSMA, « avec ses capacités limitées », continue de contribuer à la protection des civils, en coordination avec les Forces de défense et de sécurité maliennes, dans un rayon de 15 kilomètres en dehors de Ménaka.
À leurs patrouilles de nuit et de jour, s’ajoutent des activités de réconciliation et de cohésion sociale visant à désamorcer des tensions intercommunautaires croissantes dans la région, a relevé M. Wane.
Outre Ménaka, les régions du Centre et de Gao demeurent des zones à risque, avec plus de 61.000 personnes déplacées depuis l’année dernière, là aussi en raison des violences entre l’EIGS et JNIM, de même qu’entre l’EIGS et des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, sans compter les affrontements armés en cours dans les régions de Mopti et de Ségou.
Par Abdoulaye OUATTARA