Me Saïd LARIFOU, président de l’ONG WARABA d’Afrique: «Ce référendum permet au Mali de choisir des dirigeants politiques qui auront la légitimité politique et constitutionnelle»
Alors que le pari n’était pas gagné d’avance, notre pays est parvenu à organiser avec succès un scrutin référendaire le 18 juin dernier. Un référendum qui permet à notre pays de faire un pas important vers la refondation de l’État et le retour à l’ordre constitutionnel. De l’avis du président de l’ONG WARABA d’Afrique, ce scrutin ouvre la voie au Mali de pouvoir choisir ses futurs dirigeants politiques qui auront la légitimité politique et constitutionnelle, de bâtir et conduire un projet politique répondant aux aspirations du Peuple malien.
Dans un entretien qu’il nous a accordé, via WhatsApp, Me Saïd LARIFOU, a réaffirmé l’engagement de l’ONG WARABA d’Afrique à soutenir le Peuple du Mali dans un élan de solidarité africaine.
Avant la tenue du référendum, vous avez adressé un message de soutien et de solidarité au Peuple malien. Aujourd’hui, on peut dire que le résultat est là avec la proclamation des résultats provisoires le vendredi par l’AIGE, quelle appréciation faites-vous de ce scrutin ?
Pour un pays, un référendum constitutionnel est un rendez-vous politique important, voire décisif pour l’avenir. Et pour le Mali, je retiens ce qui semble essentiel à mon avis, à savoir la possibilité pour ce pays frère de sortir d’une situation de transition, donc exceptionnelle, pour enfin retrouver une normalité constitutionnelle. Le pays va maintenant pouvoir choisir ses futurs dirigeants politiques qui auront la légitimité politique et constitutionnelle, de bâtir et conduire un projet politique répondant aux aspirations du Peuple malien.
Avec la proclamation des résultats provisoires, on constate que le taux de participation est relativement faible, malgré le fait que la transition soit soutenue à bout de bras par la majorité du Peuple. En tant qu’observateur, quelle explication avez-vous?
Je ne dispose pas suffisamment d’éléments me permettant de faire une appréciation et une analyse complète pour le faible taux de participation au référendum au Mali. Cependant, par expérience, je peux dire, pour avoir été dans un passé récent, porte-parole d’un référendum constitutionnel que ce type de scrutin mobilise rarement les électeurs qui, souvent, pensent que le débat institutionnel est éloigné de leurs préoccupations et de leur quotidien marqués par la précarité sociale d’une grande partie de la population.
Le contexte de crise socio-économique et l’opposition d’une partie des forces vives du pays n’ont sans doute pas favorisé la mobilisation des électeurs. Il faut retenir que l’exclusion sociale est un facteur important qui démobilise l’électorat et l’éloigne de tout.
Ces résultats provisoires ont été proclamés alors que des organisations demandent l’annulation du référendum. Celles-ci s’opposent au projet de nouvelle constitution. La ligue des imams et érudits, le Front contre le référendum et le cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement regroupant les mouvements armés signataires de l’accord de paix continuent de rejeter le projet. Quel message avez-vous à l’endroit des contestataires ?
C’est délicat et ça serait faire preuve de manque de respect aux Maliens de s’immiscer dans le débat institutionnel de leur pays. Seuls les Maliens sont concernés par ce débat et habilités à le mener dans un esprit de tolérance, démocratique et dans l’intérêt du Mali.
Je peux témoigner la grande mobilisation des organisations africaines et des peuples d’Afrique en faveur du Mali. Ce qui est, si besoin est, la preuve de l’intérêt pour nous, pour la victoire du Mali dans le combat mené par ce peuple soutenu par ses dirigeants pour son indépendance effective et l’exercice de sa souveraineté effective sur l’étendue de son territoire. Les peuples d’Afrique sont tous concernés par l’exemple malien et entendent s’y inspirer pour la libération effective de nos pays.
Avant le scrutin, la sécurisation des opérations de vote était le principal inconnu, avec la menace terroriste. Mais les Forces armées maliennes ont surpris tout le monde avec la tenue scrutin sur la quasi-totalité du pays sans faire recours à des forces étrangères. Est-ce cela vous surprend?
Je suis très admiratif du courage avec lequel les autorités maliennes ont mené avec succès le processus électoral. À ma connaissance, les électeurs se sont exprimés sans le moindre incident. Il n’y a pas eu de problèmes majeurs de sécurité ni d’incident. Pour les Maliens, la sécurité est la priorité, une exigence. Il y a sans doute encore du travail pour permettre au Mali de retrouver sa souveraineté sur toute l’étendue de son territoire. Cependant, le travail déjà accompli incite à l’optimisme et nous emmène à saluer les résultats obtenus par les forces de l’ordre du Mali. Plus qu’hier lorsque l’ONG WARABA d’Afrique était venue, le lendemain de la victoire du peuple malien en août 2020, pour encourager et soutenir le peuple du Mali. La pose de la première pierre en septembre 2020 pour la construction du siège du panafricain à Bamako est la preuve de notre engagement à faire du Mali le pays catalyseur du panafricanisme.
Cette dernière question me pousse à vous demander si le Mali est prêt, à votre avis, à se prendre en charge, quand on sait que les autorités ont demandé le départ de la force onusienne ?
Cette décision soulève la question de l’exercice de la souveraineté d’un pays sur son territoire. Le Mali est un pays indépendant. Les autorités maliennes ont sans doute pris cette décision en considération des éléments qui leur semblent justifiés. Je respecte et m’incline devant ce choix.
Propos recueillis par Abdoulaye OUATTARA