Mohamed et l’Etat coranique
Louange à Allah (SWT) et hommage au Prophète Mahomet (PSL), telle est la quintessence de la contribution du Pr Cheick Tahirou DOUCOURE, islamologue basé à Dakar, au Sénégal, intitulée « Mohamed et l’Etat coranique ». Tout y passe au peigne fin, de la fondation de l’islam à son développement sous-jacent, tour à tour : l’unicité de Dieu, son omniscience et son omnipotence ; la double face de Mahomet (psl), à la fois mortel et messager pardonneur et non conquérant ; le pacte social et politique comme socle de l’Etat coranique fondé sur la coexistence pacifique et la liberté de foi, et guidé par les principes d’équité, de justice et d’auto-défense. Quant au pouvoir temporel des humains, Dieu le donne à qui Il veut, quand Il le veut et comme Il le veut. C’est la démonstration faite avec brio par le Pr DOUCOURE dont nous vous proposons, ci-dessous, la contribution référée, ci-dessus, au sujet de la religion parachevée pour le salut et le bien de l’Humanité elle-même, pour ici-bas et l’au-delà.
Seydina Omar Diarra (journaliste malien)
Mouhamed et l’État coranique
Dis : « je ne suis qu’un être humain comme vous. Il m’a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique ! Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu’il fasse de bonnes actions et qu’il n’associe dans son adoration aucun autre à son Seigneur. »
Sourate 18, Al-Kahf, la caverne, V 110
Dis : « Ô ! Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui Tu veux, et Tu arraches l’autorité à qui Tu veux ; et Tu donnes la puissance à qui Tu veux et Tu humilies qui Tu veux. Le bien est entre Ta main et Tu es Omnipotent. »
Sourate 3, Al-Imran, La famille d’Imran, V 26
Dis : « Que vous cachiez ce qui est dans vos poitrines ou bien vous les divulguiez, Allah le sait. […] »
Sourate 3, Al-Imran, la famille d’Imran, V 29
Dis : « Rien ne nous atteindra en dehors de ce qu’Allah a prescrit pour nous. Il est notre Protecteur. C’est en Allah que les croyants doivent mettre leur confiance. »
Sourate 9, At-Tawba, le repentir, V 51
Dis à ceux qui ne croient pas : « Vous serez vaincus bientôt ; et vous serez rassemblés vers l’Enfer. Quel mauvais endroit pour se reposer !»
Sourate 3, Al-Imran, la famille d’Imran, V12
Dis : « Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, » Allah vous aimera et vous pardonnera vos péchés. […]
Sourate3, Al-Imran, la famille d’Imran, V 31
Dis : « En vérité, ceux qui forgent le mensonge contre Allah, ne réussiront pas. » Sourate 10, Yunus, Jonas, V 69
Ces sept ordres coraniques ci-dessus et révélés à Mouhamed (psl) englobent l’Univers et son contenu et le mot « DIS » se trouvant au début de chaque verset signifie « KHOUL » qui est composé de deux lettres : KHAF = 100 et LAM = 30 dont la somme des chiffres (100 + 30) est égale à 130 (cent trente) qui, multiplié par les seize stations universelles qui sont : l’âme, la chance, la fraternité, la paternité, le contrevenant, le souci, le mariage, la régression, le chemin, le pouvoir, l’espoir, l’adversité, la demeure, l’objectif, la balance et le terme, donne 2080 (deux mille quatre-vingt), chiffre qui enveloppe les 7 (sept) saints noms d’Allah (swt) suivants :
Mou îzzou (Celui qui rend fier.) = 117
Mouzillou (Celui qui humilie.) = 770
Wârissou (L’Héritier) = 707
Khâdirou (Le Capable = 305
Madjîdou (Le Glorieux) = 57
Wahâbou (le Donateur) = 14
Alîyou (l’Elevé) = 110
La somme des chiffres (117+770+707+305+57+14+110) équivaut, également, à 2080 (deux mille quatre-vingt). C’est à partir de ces sept versets coraniques énoncés précédemment et leurs prescriptions ésotériques et exotériques que l’état coranique et ses institutions virent le jour comme nous allons les relater dans cette étude. Les prescriptions qui contiennent les lois et les jugements comprennent quatre chapitres :
1) Al hâkimou = le législateur qui décrète la loi.
2) Al houkoumou = la loi qui détermine le statut des actes de la personne responsable (Al moukalaf).
3) Al makh koûmou fîhi = la loi divine c’est-à-dire l’acte, ainsi, jugé, défini ou déterminé.
4) Al makh koûmou alèyehi = le sujet de la loi c’est-à-dire la personne majeure, responsable soumise à la législation divine.
Le bréviaire théophanique desdites lois est le Coran dans lequel Allah (swt) a dit en défiant les mécréants :
« Dussent les hommes et les djinns s’unir pour produire un Coran pareil à cette prédication, ils n’y parviendraient pas même en se soutenant les uns les autres. »
Sourate 17, Al-Isra’n, le voyage nocturne, V 88
Ensuite, pour mieux définir la mission de Mouhamed (psl), à l’effet d’écarter toute équivoque vu qu’il est à la fois être humain et messager, voici l’ordre qu’Il lui a donné :
« Dis : je ne suis qu’un être humain comme vous. Il m’a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique ! Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu’il fasse de bonnes actions et qu’il n’associe dans son adoration aucun autre à son Seigneur. »
Sourate 18, Al-Kahf, la caverne, V 110
Ce verset ci-dessus est d’autant plus important qu’il fut révélé pour éclairer la lanterne de ses interlocuteurs musulmans et non musulmans sur les actes résultatifs qui émanent de lui et mis sur son compte en tant qu’être humain par rapport aux actes causatifs qui sont des ordres provenant d’Allah (swt) et transmis par le messager. Durant les treize années mecquoises, le messager (psl) et la plupart des musulmans pratiquaient dans la clandestinité et les versets coraniques qui lui avaient été révélés étaient des promesses gérées par la foi.
Ce n’est qu’après l’émigration, en l’an 622, que l’état coranique fut fondé ensuite le messager et ses compagnons édifièrent la mosquée puis ils instaurèrent l’association de la fraternité (Al-mouakhâtou) entre les émigrés et les résidents. Après cela, ils rédigèrent le pacte social c’est-à-dire la constitution (Al-Wassikhâtou al idjitimâ iyatou) dans laquelle il est prescrit : « Les juifs gardent leur religion, les musulmans gardent leur religion, eux et leurs alliés. Celui qui transgresse les lois quels que soient sa généalogie et le rang social qu’il occupe sera sévèrement puni. »
Et voici, d’ailleurs, comment le Coran définit les rapports de coexistence entre les musulmans dans la société :
« Si deux groupes de croyants se combattent, faîtes la conciliation entre eux. Si l’un d’eux se rebelle contre l’autre, combattez le groupe qui se rebelle jusqu’à ce qu’il se conforme à l’ordre d’Allah. Puis s’il s’y conforme, réconciliez-les avec justice et soyez équitable car Allah aime les gens équitables. »
Sourate 49, Al-Hujurat, les appartements, V 9
Mais, aussi, voici comment le Coran spécifie la cohabitation entre musulmans et non musulmans dans la société :
« Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables à ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. »
« Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes. »
Sourate 60, Al-Mumtahanah, l’éprouvée, V 8 et 9
A cette époque, la société médinoise était composée de trois tribus : les Banous Awsou dont le chef était Sa âdou Boun Mouhaze, les Banous Khadiaradj dont le chef était Sa âdou Ibn Oubâdata et les Al yahoudes (les juifs) dont le chef était Abdoulahi Ibn Oubèye qui était sur le point d’être couronné comme leur roi.
Mais, avec l’arrivée du messager et de la nouvelle religion, tout cela fut remis en cause et le projet de son intronisation fut écarté et l’Islam devint la religion officielle.
Depuis ce jour jusqu’au soir de sa vie, Abdoulahi Ibn Oubèye, malgré lui, priait avec les musulmans extérieurement, mais, intérieurement, saisissait toutes les occasions qui s’offraient à lui pour semer la division et la discorde dans les rangs musulmans. Raison ayant motivé qu’on le surnomma le leader des hypocrites (Ra issou al-mounafikhîna)
Et lorsque l’état coranique fut instauré à Médine, les mecquois se sentirent humiliés. Ainsi, ils se mirent à envoyer des escarmouches pour agresser les musulmans dans leur nouvel état. En persistant dans leur agression, l’ordre vint d’Allah (swt) à l’adresse des musulmans pour se défendre en ces termes :
« Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre) parce que, vraiment, ils sont lésés ; et Allah est certes Capable de les secourir. »
Sourate 22, Al-hadj, le pèlerinage, V39
Les musulmans devaient, maintenant, se protéger face aux attaques néfastes des mécréants et cela causa plusieurs conflits. Ainsi, il y eut la bataille de Badr, en l’an 624, au cours de laquelle les principaux notables quraichs qui, pendant treize ans, combattaient l’Islam, furent tués. Mais avant la confrontation, le messager (psl) s’adressa à Allah (swt) en ces termes :
« Ô ! Seigneur ! Voici quraich qui fait sortir ses cavaliers en lançant un défi à Ton autorité, et en démentant Ton messager. »
A la bataille suivante, celle d’Ouhoud, en l’an 625, les musulmans décimèrent encore les cavaliers mecquois dont Tal Hatou Ibnou Abî Talhata et Sibâ ou Ibn Abdi Al Houzâ. Mais, avant la confrontation, le messager avait dit aux cinquante archers : « Protégez nos arrières et ne bougez pas. »
Quand ces derniers virent que les mecquois étaient en débandade et que les musulmans étaient en train de s’emparer de leurs biens, quarante d’eux désobéirent et allèrent se joindre aux musulmans pour ne pas rater le partage des butins. Quand Khâlid Boun Walid, le grand cavalier mecquois, et ses collègues virent cette faille, alors qu’au début du corps à corps, la victoire des musulmans était presque acquise, ils passèrent par derrière eux, en tuant les dix archers qui étaient sur place et attaquèrent le reste de la troupe. Les combattants musulmans, étant désorganisés, les mecquois en profitèrent pour les assaillir. Alors la victoire qui se profilait se transforma en défaite. Ainsi, de nombreux musulmans furent tués dont Hamzatou, le grand héros, l’oncle du messager (psl) et Moushab Ibn Oumer qui était le porte étendard des musulmans. Même le messager (psl), à cette occasion, fut blessé sévèrement et il perdit beaucoup de sang. Et ce fut la seule bataille que les musulmans perdirent pendant les vingt-trois ans de la révélation. Après la bataille, ceux qui avaient désobéi furent sévèrement critiqués par le Coran en ces termes :
« Allah a tenu Sa promesse envers vous quand, par Sa permission, vous les tuiez (les mecquois) sans relâche jusqu’au moment où vous avez fléchi, où vous vous êtes disputés à propos de l’ordre donné et vous avez désobéi, après qu’Il vous eut montré (la victoire) que vous aimiez ! Il en était parmi vous qui désiraient la vie d’ici-bas (ceux qui ont désobéi pour rejoindre les musulmans pour les butins) et il en était, parmi vous qui désirez l’au-delà (ceux qui ont obéi à l’ordre donné par leur messager). […]»
Sourate 3, Al-Imran, la famille d’Imran, V152
On voit, par-là, qu’une équipe a beau être efficace mais si des ambitieux et des hors-la-loi s’y infiltrent les innocents ne seront pas épargnés.
Arrivé à la Mecque, Abou Sofiane qui dirigeait la bataille fut accueilli par des huées et des railleries et les mécontents le blâmèrent en ces termes :
« Ce que vous appelez victoire est dû à une faille dans l’armée musulmane et, en plus, nous avons perdu nos principaux héros.»
Par la suite, les coalisés, les quraichs, les khatafanes, les hawazines et fazâras se rassemblèrent, en l’an 627, pour assiéger et exterminer les musulmans dans leur propre ville.
Après cela, les juifs médinois qui avaient signé le pacte d’assistance mutuelle avec le messager (psl) lorsqu’ils virent les coalisés venir avec des moyens colossaux, ils trahirent leur parole donnée dans la constitution et se joignirent aux mecquois.
Le messager (psl), les voyant venir, s’adressa à Allah (swt) en ces termes : « Ô ! Seigneur ! Toi qui es Capable de mettre les coalisés en déroute, ensevelis leur agression dans le sable de la déconvenue. C’est Toi le Souverain, l’Inébranlable, le Capable. »
Suite à cette évocation, Allah (swt) envoya le vent, le froid et la poussière qui anéantirent les agresseurs. Les mecquois prirent la fuite et les juifs se refugièrent dans leur citadelle où ils furent délogés puis jugés et les principaux responsables dont Kâbou Boun Assad et Ouyèye Boun Akhtab furent décapités.
Voici comment cette bataille fut relatée dans le Coran :
« Dieu a repoussé les mécréants en proie à leur colère sans qu’ils aient obtenu le moindre avantage, épargnant ainsi le combat aux croyants ; et Dieu est fort et puissant. »
« Il a fait descendre de leur forteresse les gens du livre qui avaient soutenu les coalisés et Il a mis l’effroi dans leur cœur. […] »
Sourate 33, Al-Ahzab, les coalisés V 25 et 26.
Quand la décapitation des deux leaders juifs kâbou Boun Assad et Ouyèye Boun Akhtab fut connue, les détracteurs de l’état coranique en profitèrent pour dire que Mouhamed n’était pas un apôtre de la clémence, passant sous silence la trahison historique dont les deux leaders juifs avaient fait montre en violant leur serment et en ouvrant les portes aux agresseurs.
D’ailleurs, ils déchantèrent quand ils constatèrent que, dans le même état coranique, le jugement d’un évènement très significatif eut lieu concernant un très célèbre notable musulman, nommé Outâdata Boun Nimane qui avait perdu son bouclier. Pour le retrouver, une enquête approfondie aboutit à sa découverte chez un juif qui, interrogé, dit que ce fut Tou Aïmatou Ibn Oubérik (un autre grand notable musulman) qui le lui avait confié. Mais ce dernier nia, catégoriquement, ses accusations qu’il qualifia de mensongères et, de surcroît, lui et un groupe de ses amis se rendirent chez le messager (psl) et lui demandèrent de punir le juif accusateur. Mais, avant qu’une décision ne soit prise, le verset suivant fut révélé :
« Nous avons fait descendre vers toi le Livre avec la vérité, pour que tu juges entre les gens, selon ce qu’Allah t’a appris. Et ne te fais pas l’avocat des traîtres. »
Sourate 4, An-Nisa, les femmes, V 105
Par la suite, Tou Aïmatou Ibn Oubérik, le grand et célèbre notable musulman, fut sanctionné et condamné selon la loi coranique au profit du juif non musulman qui fut innocenté.
Ce verdict atteste que l’Islam ne s’est jamais mis du côté des traîtres ou des injustes même s’ils sont des célébrités
A la suite de cet évènement, il se révéla qu’il y avait des hommes sincères et d’autres non sincères dans les rangs des musulmans qui profitaient de leur rang social et de leur notoriété pour induire les innocents en erreur et ce fut pour cela que le verset suivant fut révélé avec une mise en garde adressée à la société :
« Quand Nous décrétons la perte d’une cité, Nous lâchons la bride à ses Riches qui se livrent à la perversion. Notre arrêt, déjà pris, se trouve, dès lors, justifié. Aussi, la saccageons-Nous de fond en comble. »
Sourate 17, Al-Isra, le voyage nocturne, V16
Dans ce verset, le mot ‘’Riche’’ est polysémique ; il concerne, à la fois, ceux qui agissent au nom de la religion et ceux qui parlent au nom de la société insincèrement, raison ayant motivé qu’il est dit dans le Coran :
« En vérité, Allah ne guide pas la ruse des traîtres
Sourate 10, Yunus, Jonas, V 52
Ce fut, à partir de cela que les lois coraniques furent soigneusement étudiées avant leur application pour que les hors la loi qui n’agissent que pour leur propre intérêt n’induisent pas en erreur les autres au détriment de la société.
Au lendemain de la défaite subie par les coalisés, en l’an 627, le messager déclara, un jour, à Médine, aux musulmans ce qui suit : « Je me suis vu en songe, avec vous, dans l’enceinte de la Kaaba. Préparons-nous donc pour l’Oumra. »
Quand les mecquois apprirent la nouvelle ils sortirent à sa rencontre pour l’en empêcher et s’en suivirent, à Houdaybiya, d’âpres discussions à travers lesquelles la décision suivante fut prise par les deux parties à savoir, faire une trêve de dix ans et permettre au messager (psl) de faire l’Oumra l’année suivante.
Au moment de la rédaction du protocole d’accord, le messager (psl)ordonna à Ali d’entamer par « Au nom de Dieu le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » mais le chef de la délégation mecquoise, Souhaïlou Ibn Amri s’y opposa catégoriquement et exigea qu’il fût écrit : « Par ton nom Seigneur. » Le messager (psl) demanda à Ali d’obéir. Par la suite, il lui dit d’écrire : « Cet accord est signé entre Mouhamed, le messager et Souhaïbou Ibn Amri. Encore une fois, ce dernier s’y opposa, répliquant : « Si nous avions accepté que tu es le messager d’Allah, nous ne nous serions pas opposés à ta venue. Ecris, plutôt, Mouhamed fils d’Abdallah. » Là, également, le messager (psl) recommanda à Ali de s’exécuter.
Présents, lors de ces faits désobligeants, de nombreux musulmans, étaient contrariés par une telle exigence vexante, surtout, Omar mais Aboubakr lui dit : « Fais gaffe Omar ! C’est le messager(psl) d’Allah (swt) qui a parlé. »
Dans cet accord de trêve, il y était dit que les alliés du messager (psl) (les Banous khouzâ ata) seront sous sa protection tandis que les alliés des mecquois (les Banous Bakrine Ibn Wahil) seront, aussi, sous leur protection.
Sur le chemin du retour, vers Médine, après la trêve, Allah (swt) révéla au messager (psl) le verset suivant :
« En vérité, Nous t’avons accordé une victoire éclatante […] »
Sourate 48, Al-Fath, la victoire éclatante, V 1
Alors, les hypocrites avec leur guide Abdoullahi Ibn Oubèye qui étaient avec les musulmans, se mirent à murmurer :
« Où est la victoire ? On nous avait promis l’Oumra et nous en avons été empêchés par les mécréants. »
Mais, en l’an 630, la providence était aux aguets, les Banous Bakrine Ibn Wahil qui étaient les alliés des mecquois allèrent, nuitamment, durant la trêve, attaquer les Banous Khouzâ ata, les alliés des musulmans et ils en furent aidés par de nombreux notables quraichs. Quelques rescapés vinrent en informer le messager (psl). Etant donné que le pacte de la trêve était violé donc rompu, le messager (psl) et les musulmans allèrent, de ce fait, libérer la ville sainte. Ainsi les idoles furent détruites et le drapeau de L’Islam fut hissé au-dessus de la Kaaba.
Par la suite, le messager (psl) s’adressa aux mecquois en ces termes :
« Ô ! Peuple de quraich ! Allah (swt) a aboli les prédilections ancestrales qui reposent sur la féodalité et le paganisme.
Les hommes sont issus d’Adam et Adam est créé de terre. »
Puis il ajouta : « A quoi vous attendez–vous de ma part ? »
Ils répondirent : « Le pardon ! Tu es un frère noble, fils d’un frère noble ! »
Il leur dit : « Partez ! Vous êtes affranchis ! »
Sur ce fait, l’indépendance de l’Islam fut proclamée suivie l’amnistie générale qui prouve que Mouhamed, le messager, (psl) n’est pas un conquérant.
Ainsi, la juridiction de l’état coranique fut instaurée et les règles d’équité exigeant la primauté de la loi furent établies.
Quand les habitants de Taïf et d’’autres tribus avoisinantes apprirent que la Kaaba avait été purifiée et leurs idoles démolies, ils décidèrent d’atta- quer les musulmans pour réhabiliter leur honneur bafoué. Le messager (psl) l’ayant appris, rassembla les musulmans qui allèrent à la rencontre des agresseurs. Ce jour-là, les musulmans étaient au nombre de 12.000(douze mille). Ce fut la bataille de Hunayn au cours de laquelle ils tombèrent dans une embuscade de l’ennemi qui les désorganisa complètement. Mais le messager d’Allah (swt) et quelques-uns de ses compagnons résistèrent. Et l’assistance providentielle aidant, ils eurent une victoire éclatante. Voici les versets coraniques qui décrivirent l’évènement :
« Allah vous a déjà secourus à maints endroits. Et [rappelez-vous] le jour de Hunayn, quand vous étiez fiers de votre grand nombre et que cela ne vous a servi à rien. La terre, malgré son étendue, vous devint étroite, puis vous avez tourné le dos en fuyards. »
« Puis Allah fit descendre [Sa « Sakîna »] Sa quiétude sur Son Mes- sager et sur les croyants. Il fit descendre des troupes (Anges) que vous ne voyiez pas, et châtia ceux qui ont mécru. Telle est la rétribution des mécréants. »
Sourate 9, At-Tawba, le repentir, V 25 et 26
A la bataille de Badr, en l’an 624, les musulmans étaient au nombre de 313 (trois cent treize) ils furent victorieux grâce à la foi et furent félicités par Allah (swt). Par contre, à celle de Hunayn, en l’an 630, ils étaient 12000 (douze mille) mais, parmi eux, il y avait des non sincères qui n’étaient venus que pour les butins. Ainsi, en plein combat, ils fuirent et les musulmans ne furent sauvés que par la « Sakina » (la quiétude céleste). Donc, leur renfort fut un remède pire que le mal.
Après cette bataille, la messe était dite (tout était terminé) pour les arabes mais, à son retour à Médine, en l’an 630, le messager (psl) apprit encore que les byzantins (les chrétiens romains) se préparaient pour venir exterminer les musulmans et anéantir leur religion. Il alla à leur rencontre à Tabouk. Là, également, pris par une peur bleue, les agresseurs renoncèrent et fuirent. Alors, la bataille n’eut pas lieu.
La dernière cartouche des hypocrites fut l’édification d’une mosquée à proximité de celle de Kouba, érigée par le messager (psl) à qui ils demandèrent de venir l’inaugurer alors que leur intention était de semer la discorde et la division entre les musulmans mais Allah (swt) l’en empêcha en ces termes :
« Ceux qui édifiaient une mosquée pour en faire [un mobile] de rivalité, d’impiété et de division entre les croyants, qui la préparent pour celui qui, auparavant, avait combattu Allah et Son Envoyé et jurent en disant : » Nous voulions que le bien ! » [Ceux-là], Allah atteste qu’ils mentent. »
Sourate 9, At-Tawba, le repentir, V107
A la suite de ce complot avorté, Abdallahi Boun Oubèye, le chef suprême des hypocrites, rendit l’âme et son fils aîné vint dire au messager d’Allah (swt) :
« Mon père vient de décéder. Si tu ne pris pas sur lui personne ne le fera. »
Ce jour-là, Omar et Aboubakr étaient présents. Le premier, Omar, dit : « Non ! Il n’a jamais été sincère. » Quant au second, Aboubakr, il demanda au messager (psl) d’aller prier sur lui pour l’honneur de son fils aîné qui était un sincère musulman.
Le messager accepta et aussitôt, après la prière, le verset coranique suivant fut révélé :
« Quand l’un d’eux (les hypocrites) vient de mourir, ne célèbre jamais de prière des morts sur sa dépouille et ne te recueille jamais sur sa tombe ! Ils ont renié Allah et Son Messager et ils sont morts tout en étant pervers. »
Sourate 9, At-Tawba, le repentir, V 84
Enfin, en l’an 632, il eut le pèlerinage d’adieu, dirigé par le messager (psl) et le verset suivant fut révélé :
« […] Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. J’agrée l’Islam comme religion pour vous. […] »
Sourate 18, Al-Maidah, la table servie, V 3
Conclusion
En pleine bataille contre les quraichs, avant l’émigration, Allah (swt) avait révélé au messager (psl) ce qui suit :
« Ton Seigneur t’accordera, certes, [Ses faveurs] et alors tu seras satisfait. »
Sourate 93, Ad-Duha, le jour montant, V 5.
Et au lendemain de son émigration, en l’an 622, Allah (swt) s’adressa aux mecquois en ces termes :
« Si vous ne lui portez secours, Allah l’a déjà secouru. »
Sourate 9, At-Tawba, le repentir, V 40
Aujourd’hui, nous sommes, en l’an 630, jour de la libération de la ville sainte et essayons de voir si les promesses, jadis, faîtes au messager (psl) ont été réalisées.
Premièrement, Abou Lahab, son oncle, qui l’attaqua, au début de l’Islam, pour la première fois, publiquement, et qui reçut la réponse coranique qui le foudroya :
« Que périssent les deux mains d’Abu–Lahab et que lui-même périsse. »
Sourate 111, Al-Massad, les fibres, V 1
Il n’assista pas à la bataille de Badr, en l’an 624, mais quand il apprit qu’Outbata Boun Rabiata, le guide suprême des Quraichs, son frère Saïbatou, son fils Al-Walid, Abou Diakhline ainsi que Oumèyeyata Boun khalab et de nombreux dignitaires quraichs furent tués sur le champ de bataille, l’amertume l’anéantit au point qu’il s’enfermât dans sa chambre durant deux jours. Lorsque sa famille ouvrit la porte de la chambre elle le trouva, déjà, mort et en état de décomposition très avancée.
Deuxièmement, Abou Sofiane qui était devenu le guide des quraichs, après la mort de son beau-père, Outbatou Boun Rabiata, à Badr et qui dirigea toutes les batailles contre les musulmans jusqu’au jour de la libération de ville sainte ainsi que sa femme Hinde, fille de Outbatou Boun Rabiata qui, à la bataille d’Ouhoud, avait éventré l’oncle du prophète(psl). Tous deux, lorsque les idoles furent démolies, se convertirent à l’Islam en demandant pardon.
Troisièmement, Khalid Boun Walid, le grand cavalier mecquois qui avait permis aux quraichs de gagner la bataille d’Ouhoud, en l’an 625, se convertit à l’Islam, après le pacte d’Houdaybiya.
Quatrièmement, Ikrimatou fils d’Abou Diakh line qui était aussi un grand cavalier ayant tué beaucoup de musulmans, à Ouhoud, et Souhaïlou Boun Amri qui s’était opposé à l’inscription du mot « messager » dans le pacte d’Houdaybiya et d’autres notables mecquois vinrent de se prosterner devant le messager (psl) quand ce dernier proclama l’amnistie générale.
Cinquièmement, Safwânou Boun Oumèyeyata, le richissime mecquois qui, plusieurs fois, essaya t’attenter à la vie du messager(psl) par le biais de ses hommes de main, quand il eut la libération de la ville sainte il dit à sa famille : « Je vous laisse toute ma fortune et je préfère l’exil à la soumis- sion à Mouhamed. » Lorsque la nouvelle fut connue, un de ses cousins, Oumèyerou Ibn Wahab qui était un célèbre musulman en informa le messager (psl). Ce dernier lui dit : « Après l’amnistie qu’il ne craigne rien et pour le rassurer, remets-lui mon turban en guise de preuve. » Sur ce fait, le partant en exil rebroussa chemin et s’adressa au messager (psl)sans lui serrer la main, en ces termes : « Mon cousin prétend que je suis pardonné comme les autres. » Il lui répondit : « Oui ! » et il dit : « Donne-moi deux mois de réflexion. » Et le messager (psl)lui dit : « Je te donne quatre mois. » Finalement, sa réponse fut : « Dans ce cas, je vois que tu es un messager et non un conquérant. A partir d’aujourd’hui je suis musulman. »
Tous les musulmans, émigrés comme résidents, qui moururent pendant les batailles furent des martyrs de la béatitude. Quant aux vivants qui savourèrent la victoire avec le messager (psl) ils virent que les promesses coraniques qui disent qu’Allah (swt)est Maître l’autorité Absolue, Il donne l’autorité à qui Il veut et Il l’arrache à qui Il veut et Il donne la puissance à qui Il veut ; Il humilie qui Il veut […], étaient au rendez-vous avec le sens de l’histoire.
Par conséquent, les croyants ont gagné.
Quant aux mécréants, ils ont perdu raison ayant motivé qu’Allah (swt), en parlant d’eux, dit :
« Nous avons considéré l’œuvre qu’ils ont accomplie et Nous l’avons réduite en poussière éparpillée. »
Sourate 25, Al-Furqane, le discernement, V 23
Alhamdoulillah Rabil Alamina
Cheikh Tahirou Doucouré
Professeur en sciences islamiques
Dakar
Août 2023
Zone B Villa 16 B