Ibrahim Ikassa MAIGA,ministre de la Refondation de l’État: « La bonne gouvernance commence par la lutte implacable contre la corruption »
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Le ministre de laRefondation de l’État était, vendredi dernier, l’invité de l’émission MaliKura Taasira 2, de la télévision nationale. L’occasion était bonne pour IbrahimIkassa MAIGA, de décliner la vision du Mali Kura qui est un Mali biengouverné, sécurisé, stable, soucieux du développement durable et du vivreensemble, respectueux des droits de l’homme et des valeurs sociales. Sur ceplateau, le chef du département a affirmé que le changement est bien possible. «Tant que nous nenous assumons pas en tant que malien, personne ne viendra à nous aider. Tout ce qu’on ne pouvait pas pensé possible aujourd’huidevient possible avec un leadership éclairé volontariste et respectueuxde la volonté du peuple», a-t-il assené. Faceà la crise multidimensionnelle qui secoue le Mali depuis plusieursannées ; les Maliens se sont retrouvés en 2021 pour convenir de solutionsappropriées en décidant de refonder leur Etat, promouvoir la bonnegouvernance ; adopter un pacte de stabilité sociale ; ou encoreengager des réformes politiques institutionnelle électorale et administrativesautrement appelé les ‘’Assises de larefondation (ANR)’’. Les chantiers du MaliKuraSurle plateau de l’émission Mali Kura Taasira 2, le ministre de la Refondationde l’État, Ibrahim Ikassa MAÏGA, est revenu sur les acquis et lesperspectives de ce vaste chantier. Al’entame de son propos, le ministre à commencer par saluer le Peuple malien quia cru en cette nécessité du changement, qu’il faille réformer profondément lesystème de gestion de l’État de notre nation.Ainsi,dit-il, les autorités de la transition, après une série de Manifestationspopulaires, ont été installées et ont décidé d’aller vers ce changement enprofondeur dénommé refondation.Selonlui, il s’agissait de revoir tous les secteurs de notre vie nationale, lesmettre au milieu de l’ensemble des forces vives ; à l’occasion des Assisesnationales de la refondation, pour actualiser notre approche, notre compréhensioncommune de ces problèmes. Mais aussi les solutions qui, d’ailleurs, avaient étépartiellement préconisées à l’occasion de différent foras.Ainsi, les Assises Nationales de la refondation qui se sont tenues depuis le niveaucommunal, des cercles, des régions, mais aussi des pays de résidence desMaliens de l’extérieur lors de leur phase finale, ont pu répertorier près de517 recommandations qui sont, en fait , les désidératas exprimé, de bonne foisincèrement.L’engagement a été pris au niveau des autorités de latransition de mettre fidèlement en œuvre, ces recommandations. C’est ce qui a conduit à l’élaboration d’un documentde stratégie qu’on a appelé cadre stratégique de la refondation de l’État asorti d’un plan d’action qui reprend point par point les 517 recommandations.Selon lui, Mali Kura dont nous parlons aujourd’hui estune sorte de renaissance qui commence déjà parl’identification d’une vision, la vision du Mali Kura. C’est-à-direreprendre les choses mais dans le bon ordre, mais de façon holistique etcomplémentaire. De son avis, la bonne gouvernance commencepar la lutte implacable contre la corruption mais aussi l’impunité. Maispour y parvenir il faut des principes que chacun respecte, à commencer par l’État,mais aussi les autres acteurs de la vie nationale, jusqu’au aux citoyens.Aux sortir des Assises, le Peuple malien a désiré unenouvelle constitution, et a même donné les éléments de base de cetteconstitution. Desprincipes constitutionnelsAlors, le chef de l’État, a mis en place une équiped’experts pour travailler de façon inclusive et participative avec l’ensembledes forces vives pour avoir une compréhension commune de ces principesconstitutionnels.Ainsi, un projet de constitutionqui a été vulgarisé, partagé, et qui est passé par un référendum.Selon lui, l’adoption de cette nouvelle Constitutionqui a consacré la Nouvelle République, la 4e République avec ledécret de promulgation du 22 juillet 2023 consacre un nouveau système étatique.«Ilfaudrait qu’on ait désormais un président qui assume toutes sesresponsabilités, à qui ondonne les coudées franches, mais qui peut être tenu responsable, en tant queprésident, dans de la gestion de du pouvoir qui lui a été confié», a-t-ilexpliqué.Atravers la nouvelle constitution, un système judiciaire a étérefondu, la Cour constitutionnelle a été mieux responsabilisée dans sesattributions aujourd’hui ; autant dans le contrôle des constitutionnalitésdes textes ; mais également en matière électorale. «Nousavons aussi une cour suprême qui a été mieux recentrée surjustement ces domaines de compétence judiciaire ; en matière Judiciairemais aussi une cour de comptes, puisque la section de comptes de la Coursuprême qu’on avait connue jusque-là va être érigée en Cour des comptes»,a-t-il dit.Alorsque beaucoup d’observateurs ont déploré la création d’une deuxième chambreparlementaire, le Sénat, au moment où d’autres nations démocratiquessemblent s’éloigner, car jugées budgétivore, le ministre Ibrahim Ikassa MAÏGA semontre moins convaincu par ces arguments.«C’est juste une institution quiremplace le Haut Conseil des Collectivités territoriales qui avait aussi un budget qui était uneinstitution permanente. Il s’agit maintenant de donner unvéritable pouvoir parlementaire législatif à côté de l’Assemblée nationale pourle compléter», a-t-il expliqué. Se défendant, le ministre MAÏGA a affirméque, de par sa composition, le Sénat a une vision qui intègre justement lesattentes des populations à la base, des Forces vives à la base. Puisque,dit-il, ce sont les représentants des collectivités territoriales ; maisaussi des légitimités traditionnelles des Maliens établis à l’extérieur ainsique des citoyens ayant rendu des services exceptionnels à la nation qui ontune approche moins politisée de l’action législative. L’indépendanceen question Abordant la question de l’indépendance et lasouveraineté, le ministre Ikassa MAÏGA, de montrecatégorique : «Nous avons retrouvé notresouveraineté».Car, l’essence de l’État, dit-il, c’est l’indépendanceet la souveraineté. Il s’agit de l’absence de sujétion à toute autrepuissance quelle que soit, que la seule volonté du peuple.Et cette souveraineté, a-t-il expliqué, nousne l’avions pas. «Nous nedécidions pas par nous-mêmes. Même le choix descandidats à la présidentielle était décidé ailleurs ; même la date detenue de nos élections était décidée ailleurs», a-t-il fait l’état des lieux.«Nousn’avions pas le choix de nos partenaires ; notre armée ne pouvait pas seprocurer de matériel de guerre et autres équipements en dehors de la volontéd’autrui. Toutcela est derrière nous aujourd’hui. Nous avons retrouvénotre souveraineté », a assuré lechef département chargé de la refondation.Le pire, a-t-il fait savoir, est que nos forces dedéfense de sécurité n’avaient pas les libertés de mouvement sur notre propreterritoire ; l’espace aérien n’appartenait pas au Mali.«L’État du Malidevrait demander autorisation à d’autres puissances pour pouvoir survoler sonpropre territoire. C’était quelque chose qui faisait mal, mais aujourd’hui nousavons eu ça».Il ressort de son propos que noussommes en train de décider de notre nouveau système éducatif à travers lesÉtats généraux sur l’éducation ; les États généraux sur la jeunesse ;les États généraux sur la migration, nous aurons soupé les États généraux surla justice. Mali Kurarespectueux de nos valeurs socio-culturellesDans la vision de la refondation, il a parlé d’un MaliKura respectueux de nos valeurs socio-culturelles des droits humains.«Sans le Maliden-Kura, il n’y a pas de Mali Kura», areconnu le ministre MAÏGA.Pour ce faire, le Président de la Transition, lecolonel Assimi GOÏTA, a décidé que nous allions à la recherche de nos valeurssociétales positives pour les insuffler en le nouveau malien. Al’occasion un comité d’experts, constitué des personnalités de divers profils,mais profondément ancrés dans nos valeurs, a été constitué pour faire le pointde ces de ces valeurs socioculturelles.Selon, nous avons aujourd’hui un projet de programmenational d’éducation aux valeurs qui va être enseigné depuis le niveau de baseà l’école. Depuis le fondamental, au niveau des établissements d’enseignementsecondaires, au niveau de l’université ; mais aussi dans les écolesprofessionnalisantes, les écoles de formation des agents de l’État, l’ENA,l’ÉMIA, comme l’Institut de Formation Judiciaire ou autres où ces principes-làvont être enseignés au nouveau malienD’ailleurs, depuis 2021, toutes les nouvelles recruesde la fonction publique, quel que soit le corps d’appartenance, sont passéessystématiquement par cette formation civique et morale. Problèmede société S’agissant de la lutte contre la corruption à l’heuredu Mali Kura, le ministre a commencé par déplorer le fait que la corruption a été normalisée dans notre société. «Et tout le monde, presque, semble sesatisfaire de cela puisque chacun trouve son compte. On accuse souvent leshommes politiques au pouvoir. Je rétorque souvent que les hommes politiquesn’étaient pas seuls», a-t-il.Pour lui, ils étaient avec desmagistrats, des fonctionnaires, des militaires, des opérateurs économiques, desleaders religieux, de simples citoyens ; chacun profitant du désordreorganisé pour ses intérêts personnels. En oubliant que c’est cela quicontribue à la déliquescence de l’État, et en définitive, à la chute de l’État.Il s’agit maintenant de se remettre en cause.ParAbdoulaye OUATTARA