Exclavage et pratiques assimilées au Mali: l’ONG TEMEDT revendique une loi criminisant ces pratiques
Lancé en 2021, le projet Voice sous le thème : «Défier l’esclavage, la discrimination sur le travail et l’ascendance » qui a plus de deux ans d’existence tire à sa fin. C’est dans cette dynamique que le Temedt, porteur dudit projet, a organisé une conférence de presse, ce mardi 16 juillet 2024, dans ses locaux à Magnambougou Faso-kanu pour faire la restitution de ses activités menées au cours du dernier semestre.
Cette conférence était animée par le Coordinateur national du projet, Abdoulaye MACKO ; qui avait à ses côtés le président de Temedt Ibrahim Ag IDBALTANAT, la vice-présidente de TEMEDT, Rhaichatou Walet ALTANATA.
Selon le coordinateur Abdoulaye MACKO, ce projet qui concernait trois pays de la sous-région à savoir : la Mauritanie, le Sénégal et le Mali et financé par Voice a débuté il y a deux ans.
«Après évaluation, les partenaires ont fait une rallonge de 6 mois. Nous sommes au bout de ces six mois», a-t-il relevé.
Parlant de l’impact du projet sur l’éradication de l’esclavage et des pratiques assimilées, le Coordinateur du projet « Défier l’esclavage, la discrimination sur le travail et l’ascendance », a salué certaines avancées en la matière. A ce titre, il a salué la Constitution du 22 juillet 2023 qui condamne fermement la pratique. Il loue également les reformes en cours, notamment le Code pénal en révision qui prévoit 17 articles pour criminaliser la pratique ainsi que d’autres mesures prévues par la loi qui punissent l’esclavage.
Au passage, il a rappelé les 5 activités organisées au cours de ces six mois, notamment : l’organisation d’un atelier de formation sur les violences basées sur le genre et à l’accès à la justice ; un débat télévisé organisée sur l’esclavage par ascendance au Mali ; un atelier avec la Ligue malienne des imams et érudits pour la solidarité (LIMMA) auquel ont participé d’éminentes personnalités à l’image de Yacoub DOUCOURE.
«On a eu un partenariat avec la LIMMA. Dans les prochains jours, nous allons organiser un atelier pour élaborer des messages de prêches », a-t-il fait savoir.
De l’avis de M. MACKO, la rencontre avec la LIMMA est l’une des plus fructueuses depuis le début des activités de plaidoyer dans le cadre de la lutte contre l’esclavage.
Après un tour d’horizon des activités réalisées, Abdoulaye MACKO est d’avis que beaucoup de progrès ont été enregistrés dans la lutte contre l’esclavage pendant cette période de transition.
A ce propos, il a mentionné l’organisation d’une session spéciale de la Cour d’Assises à Kayes qui a jugé plus d’une dizaine d’affaires portant sur des cas d’esclavage.
Malgré les efforts louables, les acteurs dudit Projet trouvent que la justice malienne éprouve beaucoup de difficultés à juger et condamner les cas d’esclavage en raison de l’absence d’un texte criminalisant la pratique.
«Nous tenons à la loi spécifique sur l’esclavage», a insisté Abdoulaye MACKO, Coordination du Projet Voice-Temedt.
Autres actions à l’actif du projet, l’accompagnement des victimes et la facilitation de leur accès à la justice.
D’ailleurs, la Vice-présidente, Mme Alwata, note que TEMEDT travaille en synergie avec d’autres structures pour l’orientation et l’accompagnement des victimes.
Le projet a également permis d’accompagner des femmes avec des activités génératrices de revenus.
Pour le président de Temedt, Ibrahim Ag IDBALTANAT, l’esclavage est la plus vieille institution et «la plus têtue qui existe dans tous les pays du monde ».
Il a concerné les noirs aussi bien que les blancs, a précisé le président de Temedt qui se dit persuadé que plus l’esprit féodal persistera, plus demeurera l’esclavage.
«Nous luttons pour l’éradication de l’esclavage au Mali», a-t-il persisté, avant de noter quelques avancées obtenues dans la lutte contre ce phénomène tel que la présence dans le circuit d’adoption étatique d’une loi spécifique criminalisant la pratique.
Il a aussi évoqué la libération des centaines de personnes de la chaine de l’esclavage et de la réinsertion de certaines victimes dans les tissus socio-économiques.
Le président de TEMEDT s’est fait le devoir de rappeler la différence entre l’esclavage domestique, la traite des personnes, les déportations au niveau interne et continental.
Au regard de ce qui précède, le président de Temedt a salué le partenariat avec Voice qui, selon lui, est un partenaire engagé auprès de toutes les populations discriminées.
Par Abdoulaye OUATTARA