Transition au Mali: des bâtons déjà dans la roue de Choguel?
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A peine installé dans ses fonctions, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga essuie des critiques acerbes des Maliens qui napprécient pas sa démarche. Déçue, la centrale syndicale UNTM décide de déterrer la hache de guerre. Idem pour certains ténors politiques qui ont déjà ouvert les hostilités contre le gouvernement Choguel. Toute chose qui rend déjà difficile la tâche à celui-ci pour conduire la transition à bon port.
Le nouveau premier ministre Choguel Kokalla Maïga ne souhaitait et ne sattendait à une telle situation. Cest pourquoi, dès sa nomination, il a entamé une série de visites et de concertations afin de recueillir, dit-il, des avis ou davoir des conseils, du soutien et de laccompagnement dacteurs influents et lensemble des forces vives du pays. Si cette démarche est saluée par certains, elle suscite aussi le doute chez dautres sur la capacité du Premier ministre à conduire la transition à bon port.
Rappelons que dès le lendemain du coup de force du 24 mai, le nouveau homme fort du Mali, Colonel Assimi Goita nest pas allé par quatre chemins pour attribuer le poste de premier ministre au mouvement du 5 juin M5-RFP, lequel a, à son tour, porté son choix sur Dr Choguel Kokala Maïga. Le M5-RFP dont Choguel était le meneur de jeu en tant que président du comité stratégique a été le principal acteur de la chute du régime Ibrahim Boubacar Kéita en août 2020. Le M5 RFP a été également la principale force de pression contre la transition sous Bah NDaw dont il exigeait le redressement de sa trajectoire par lapplication dun certain nombre de mesures. Des mesures que Choguel et sa suite présentaient comme indispensables pour la réussite de la transition. Aujourdhui, bombardé premier ministre après la démission de Bah NDaw, Choguel Kokalla Maïga, au lieu daller droit au but avec lapplication des mesures de redressement de la transition quédictait son mouvement (M5-RFP), sadonne à des visites et concertations sans fin. Histoire de recueillir des conseils et laccompagnement de tous les Maliens. Le donneur de leçon est-il donc devenu, à la grande surprise, le chercheur de leçons. Ils sont nombreux les Maliens à penser que ces visites et concertations de Choguel Kokalla Maiga sont inutiles. Surtout quand on sait quavant et après sa prestation de serment comme président de la transition, le Colonel Assimi Goïta sest concerté et continue à le faire avec la classe politique et lensemble des organisations de la société civiles, y compris les organisations confessionnelles et syndicales. Afin de solliciter leur soutien et accompagnement pour la réussite de la transition. Comme si cela ne suffit pas, Dr Choguel Kokalla a repris la même démarche auprès de ces mêmes organisations. Il sest, tour à tour, concerté avec les groupes signataires de laccord dAlger, les groupements des partis politiques, les organisations syndicales, les organisations de la société civiles, et on ne sait avec quoi encore. Il sest rendu chez les anciens premiers ministres pour profiter dit-il, de leur expérience. A quand donc la fin de ce ces promenades et bavardages inutiles pour faire face aux choses sérieuses ? Pourquoi perdre du temps avec tant de concertations, alors quil a lui-même annoncé, lors du premier conseil du cabinet, lorganisation, dans les prochaines semaines, des assises nationales pour la refondation (ANR) ?, sinterrogent des Maliens. Nul nignore aujourdhui, quil est difficile, de convaincre, voire réunir tous les Maliens autour dun plan de gestion du pays. Les tergiversions de Choguel face à la gravité de la situation commencent à semer le doute dans lesprit des Maliens quant à sa capacité de relever les défis de la transition qui sont, entre autres, les réformes institutionnelles, la lutte contre linsécurité et limpunité, lorganisation délections libres et transparentes.
Choguel va-t-il réussir là où ses prédécesseurs ont lamentablement échoué ?
Les avis divergent déjà au regard de la dégradation de la situation sociopolitique et sécuritaire. Pour les sceptiques, les visites ou concertations queffectuent le nouveau premier ministre Choguel est une perte de temps et montrent à suffisance quil na aucun plan daction pour sortir le pays de lornière. Surtout, quand on sait quil ne lui reste que 9 ans pour tenir promesse vis-à-vis des Maliens et de la communauté internationale. Le temps est donc le principal ennemi de Choguel et de son gouvernement. Pourquoi Choguel tourne-t-il en rond, alors quau M5, il faisait croire aux maliens davoir fait le diagnostic des maux dont souffre le Mali ? Mais aussi avoir identifié la thérapie dont a besoin le Mali pour se relever ?
«Choguel doit se mettre au travail pour nous montrer ce qu’il sait faire et ce quil peut faire pour le Mali. On a plus besoin du populisme. Quil arrête de nous distraire avec ces concertations et visites sans effets», a fait savoir Sidi Mohamed touré, un professeur denseignement supérieur. Avant de déplorer que Choguel qui a, par le passé, dénoncé la violation de la charte de la transition par la junte militaire a, à son tour, violé cette même charte. La violation de la charte par Chogeul est palpable à travers la formation de son Gouvernement qui a largement dépassé le seuil de 25 ministres fixé. Ce gouvernement qui compte 28 ministres contraste la promesse du premier ministre de réduire le train de vie du gouvernement. Aussi, des leaders politiques dénoncent ce gouvernement pour navoir pas respecté le principe dinclusivité quavait médiatiquement annoncé Choguel. Peut-on compter sur un premier ministre qui ne respecte pas ses propres principes et ses engagements ? Dans la formation du gouvernement, il a donné la part du lion à son mouvement (le M5 RFP) qui se retrouve avec 8 ministères au détriment des partis politiques de lancienne majorité présidentielle sous IBK. Très déçus par le partage inégal du gâteau, certains de ces partis politiques se préparent à mettre le bâton dans les roues du gouvernement Choguel. Dores de déjà une association, le BIPREM a déposé une plainte à la Cour suprême contre Choguel pour violation de la charte de la transition. Toute chose qui ne présage pas une transition facile pour Choguel qui a été annoncé comme un messie pour le Mali. Il semble avoir mal posé les jalons de la transition.
Autre front auquel fait face le gouvernement Choguel : lUNTM. Cette centrale syndicale qui a accéléré la chute de Bah NDaw et de son gouvernement avec des grèves répétitives, a donné 10 jours à Choguel pour satisfaire à ses doléances.
Aboubacar Berthé
Source: le Serment du Mali