Assises Nationales de la Refondation : le Premier ministre Choguel cherche, désespérément, participants
Nommé Premier ministre de transition suite à ses vacarmes dans la rue, Dr Choguel Kokalla Maïga peine à faire adhérer la classe politique malienne à ses projets, même si son plan d’action gouvernementale a été certes adopté par le Conseil National de la Transition (CNT).
Dans ce plan d’action du gouvernement, qui constitue la feuille de route de la transition, il propose un certain nombre de mesures lesquelles, dit-il, forment la thérapie nécessaire à la crise multidimensionnelle que traverse le pays depuis une décennie. Parmi ces mesures, la sécurisation du pays, les réformes institutionnelles, l’organisation des élections mais aussi et surtout, l’organisation d’Assises Nationales de la Refondation (ANR).
Adopté par le Conseil de transition, le PAG présenté par le Premier ministre ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique et cela, pour plusieurs raisons. Pour l’écrasante majorité des partis politiques, il sera difficile voire impossible pour le gouvernement de transition de mettre en œuvre le programme dans le délai fixé. Les partis politiques voient dans le PAG de Choguel un projet de prolongation de la transition, ce qu’ils considèrent inadmissible.
Regroupés dans un «cadre d’échange pour une transition réussie au Mali », plus d’une vingtaine partis politiques s’opposent à certaines initiatives sombres du Premier ministre et exigent qu’il se concentre sur la sécurité et l’organisation des élections et d’abandonner les réformes institutionnelles et politiques ainsi que l’organisation des assises nationales de la refondation, lesquelles pourraient être conduites par un régime légale et légitime. Autrement dit, ces partis politiques du cadre d’échange pour une transition réussie n’adhèrent pas au projet d’organisation des Assises Nationales de Refondation qu’ils considèrent comme des assises de trop. Pour ces partis politiques, le Dialogue National Inclusif (DNI) organisé par le régime défunt d’IBK a déjà clairement posé le diagnostic et identifier tous les problèmes dont souffre le Mali. Aussi, les recommandations issues du DNI demeurent valables aujourd’hui pour une sortie de crise. De l’avis de nombre d’observateurs, en proposant l’organisation d’autres assises nationales, le Premier ministre entend jouer à la prolongation de la transition. Sans compter que ces assises entraineront un gâchis financier pour le trésor public qui est déjà désespérément vide.
Dans un mémorandum publié le 27 août dernier, les partis politiques du cadre d’échanges pour une transition réussie ont signifié au Premier ministre et à son gouvernement leur position inflexible et les actions qu’ils considèrent comme prioritaires à faire. Malgré ces mises en garde, le Premier ministre tient à ses projets, avec ou sans la classe politique.
Désespéré, Choguel tenter de convaincre d’autres couches, notamment les organisations de la société civile à prendre part à ses Assises. Les tournées qu’il a effectuées dans les régions de Sikasso et Koutiala et Ségou et la campagne médiatique de sensibilisation en cours s’inscrivent dans ce sens. Ces dernières semaines, il a passé le clair de son temps à convaincre des acteurs de la société civile à participer à ces assises qui s’annoncent déjà impopulaires, puisque rejetées de part et d’autres. Le mercredi, 25 août, lors d’un cadre de concertation interreligieux tenu au CICB, il a invité, sinon prier les leaders des confessions religieuses et coutumières à se mobiliser pour ces assises qu’il juge importantes pour la refondation du Mali. Les mêmes sollicitations ont été adressées à l’association des municipalités du Mali, à des associations d’artistes et des syndicats lors d’audiences à la Primature. Le Premier ministre ne rate plus d’occasions pour plaider le bien-fondé de la tenue des Assises Nationales de la Refondation. Mais quelle sera la légitimité de ces assises sans l’adhésion ou la participation de la classe politique malienne ? Le refus de la classe politique à prendre part à ces assises jugées inopportunes ne présage- t-il pas un échec ? Ces interrogations interpellent les autorités de la transition à se ressaisir et à revoir leur copie, du moins, si elles veulent bénéficier de l’accompagnement de l’ensemble des Maliens et réussir à conduire cette transition à bon port. La gestion inclusive de la transition tant prônée par Dr Choguel Kokalla Maïga exige de lui, l’écoute et la prise en compte des propositions de l’ensemble des Maliens, y compris la classe politique.
Aboubacar BERTHE
Source: le Serment