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Altanata Ebalagh Yattara, PDG de l’ATI : « L’Ati peut assurer l’autosuffisance alimentaire au Mali à travers les irrigations hydroagricoles…Elle a juste besoin de l’accompagnent de l’Etat et des partenaires techniques et financiers

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C’est, du moins, ce qu’a indiqué le nouveau Président Directeur général de l’Agence d’Aménagement et de fourniture de l’eau d’Irrigation(ATI), Altanata Ebalagh Yattara, dans une interview qu’il nous accordée au siège de ladite structure à l’ACI2000. Monsieur Yattara a expliqué, sans détour, les réalisations faites par l’ATI, les difficultés auxquelles elle fait face, mais aussi et surtout, les perspectives de l’agence. Voici l’interview.

Monsieur Altanata Ebalagh Yattara, il y a juste quelques mois, vous êtes nommé pour conduire la destinée de l’ATI, alors quelles sont vos impressions ?

Je me présente, je m’appelle Altanata Ebalagh Yattara, Président Directeur Général de l’Agence d’aménagement et de fourniture de l’eau d’Irrigation(ATI). J’ai effectivement pris service en avril dernier. Les premières impressions que j’ai eues après ma prise de fonction sont que l’ATI est une structure de grande envergure créée pour appuyer le monde rural et contribuer au développement d’une Agriculture moderne basée en priorité sur les aménagements hydroagricoles avec maitrise totale de l’eau. Mais il y a aussi les autres domaines de l’Agriculture, comme l’élevage et la pêche. Une autre impression que j’ai eue, c’est que les défis sont immenses et que l’ATI est fortement attendue sur le chantier de l’édification d’une Agriculture moderne à haute valeur ajoutée non seulement pour le monde rural, mais aussi pour l’Etat malien. Mais la question qui intrigue c’est la question de la mobilisation des ressources pour la réalisation de notre programme.

A cet effet, quelles ont été les premières actions que vous avez posées ?

Il m’a fallu dans un premier temps faire un état des lieux de la structure pour comprendre ses missions, son fonctionnement, les questions du personnel, les dossiers en instance.
Parmi les grands dossiers en instance au sein de l’Agence, il y a en premier lieu les dossiers des « Nouveaux Villages agricoles (NVA)» qui sont au nombre de trois(03) et qui ont pris un retard de plus de quatre(04) ans quand bien même ils représentent un espoir immense pour les producteurs. En fait, ces dossiers ont rencontré beaucoup de difficultés car ils sont en mode « Partenariat Public/Privé ». Il faut dire que ce mode est une première dans le domaine au Mali car les paysans sont tenus au remboursement des investissements réalisés, ce qui pourrait être un peu difficile compte tenu des conditions de vie difficiles de nos paysans.
Donc, après l’état des lieux, j’ai réactivé ces dossiers que tout le monde croyait sans issue. Nous avons réactualisé les études préalables des NVA de M’Béwani (3200 hectares) et de Selingué (1470 hectares), ce qui a notamment permis de ramener les coûts initiaux de ces deux projets dans des proportions raisonnables et supportables par les paysans. Aujourd’hui ces deux dossiers sont instance de soumission à l’Unité de Partenariat Public/Privé(UPPP) qui doit donner se prononcer sur leur approbation définitive.
Pour ce qui concerne le troisième NVA (celui de Bafoulabé), l’actualisation des études interviendra au début de l’année 2022.
Dans la série des actions réalisées depuis ma nomination, il y a la finalisation des études de la ferme moderne de Selingué et de trois petits périmètres maraichers(PPM). Ces dossiers sont bouclés et les démarches sont amorcées pour la recherche de financement, notamment sur le Budget National.
Il faut également citer, dans ce cadre, d’autres plaines programmées pour ce qui concerne les études dont la plaine de San Est 4 dans la Région de Ségou (3000 hectares) et la plaine de Goumbaye dans la Région de Kayes (1000 hectares), ainsi que d’autres actions prévues dans le Nord du pays.
Je ne terminerai pas ce chapitre sans évoquer le Programme de Développement de l’Agriculture Commerciale en Zone Office du Niger(PACON) de cent mille (100 000 hectares) que nous conduisons avec la Direction Régionale de l’Office du Niger et pour lequel la note conceptuelle a été élaborée et validée en atelier, en vue de sa soumission au Gouvernement.
En dehors de tout cela, j’ai réalisé plusieurs rencontres avec certains partenaires financiers qui s’intéressent à nos programmes, dont l’AFD, la Société Alkhorayaf d’Arabie Saoudite, Arab Contractors d’Egypte et d’autres partenaires koweitiens.

Comment se porte ATI aujourd’hui ?
Je pense que l’Agence est sur une très bonne voie aujourd’hui. Les actes que nous avons jusque-là posés, sont de nature à conforter les espoirs placés en cette organisation. Les problèmes des couches vulnérables, les problèmes d’emploi des jeunes et la prise en compte des questions de genre, sont entre autres, des questions qu’il urge à résoudre avec détermination.
Nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour que l’année 2022 connaisse le démarrage effectif d’activités sur le terrain.

Quelle place occupe, selon vous, l’ATI dans le dispositif agricole et de l’autosuffisance alimentaire au Mali ?

Il faut dire que l’ATI est l’Agence d’exécution de deux Projets majeurs financés par la Banque Mondiale et qu’elle a mis en place depuis 2018 à savoir : le PARIIS et le PDAZAM. Le premier est régional et le second est national. Ces Projets ont réalisé des performances acceptables dans le domaine de l’irrigation, de la production et de la productivité, améliorant ainsi de façon substantielle les conditions de vie des populations bénéficiaires. Ces performances seront beaucoup plus marquées avec le démarrage prochain d’un nouveau projet rattaché à l’Agence, dénommé « Projet de Résilience du Système Alimentaire en Afrique de l’Ouest (PRSA)» sur financement de la Banque Mondiale.
Aussi, il convient de noter que l’ATI, de par les missions qui lui sont assignées, occupe une place particulièrement importante dans le secteur agricole malien. Son champ d’intervention couvre tout le territoire national, y compris les zones offices.
Elle est principalement chargée de : mener des opérations d’aménagement de terres et de création d’infrastructures de maîtrise de l’eau ; la réalisation des opérations d’aménagements, de la création d’infrastructures et d’équipements nécessaires à leur exploitation durable ; l’accompagnement des démarches de sécurisation foncière et appuyer le processus de délivrance de baux dans les grands bassins d’irrigation ; de l’appui des services techniques et des offices dans la mise en œuvre des programmes nationaux d’aménagement, de gestion des périmètres irrigués et accompagner les producteurs dans la gestion et la maintenance des infrastructures et équipements ruraux réalisés. Au regard de tous ces aspects, il est aisé de constater le rôle combien important dévolu à l’ATI dans le secteur de l’Agriculture. L’Ati peut assurer l’autosuffisance alimentaire au Mali à travers les irrigations hydroagricoles, mais les moyens font défaut. Elle a juste besoin de plus d’accompagnement et de soutien de la part de l’Etat et des partenaires techniques financiers.

Quelles sont les actions envisagées par l’ATI pour atteindre ses objectifs ?

Parmi ces actions, je citerai en premier lieu les aménagements hydroagricoles avec maitrise totale de l’eau qui constitue également un pilier important en matière de génération de ressources car si l’Agence ne génère pas de ressources propres, elle ne peut atteindre ses objectifs.
Ces aménagements à haut potentiel de production permettront de contribuer considérablement à la réalisation de la sécurité alimentaire dans notre pays et d’occuper valablement la place qui nous revient comme grenier de l’Afrique.
L’Agence mettra également un accent particulier sur les investissements relatifs aux aménagements des bas-fonds, à l’élevage et à la pisciculture.

Pouvez-vous énumérer les difficultés auxquelles l’ATI fait face quotidiennement dans l’exécution de missions à elle assignées ?

Dans un premier temps, il faut respecter les termes de l’Ordonnance de création de l’ATI, notamment en ce qui concerne la mise à disposition de « terres aménagées ou à aménagées » et d’appuyer l’Agence en termes de recherche de financement.
Dans un deuxième temps, il est urgent d’accompagner l’Agence dans la prise en charge de son Accord d’établissement, notamment sa grille salariale afin de motiver et de stabiliser le personnel.

Avec les autorités et les partenaires techniques et financiers, quelles sont vos attentes afin de faire de l’ATI ce dont vous espérez ?

Les autorités et les partenaires techniques et financiers doivent accompagner l’ATI pour lui permettre de réaliser ses ambitions.
Cet accompagnement doit porter sur la mise en œuvre des dossiers NVA, la prise en charge des coûts relatifs à la construction de la ferme moderne de Sélingué et de trois (03) périmètres maraichers.
Aussi, nous attendons notamment de l’Etat dont nous saluons au prime abord les efforts, un appui ponctuel pour la mise en application de la grille salariale prévue dans l’Accord d’établissement. La prise en charge de ce point nous permettra d’avoir des ressources humaines de bonne qualité pour la réalisation de nos objectifs.
Je ne terminerai pas sans remercier la Banque mondiale pour son accompagnement qui a permis le financement de plusieurs projets rattachés à l’Agence.
Source : Danayamedia avec la rédaction du Serment du Mali

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