Une délégation du conseil de sécurité de l’ONU à Bamako: le PM Choguel Kokalla demande aux partenaires d’avoir une « lecture réaliste et lucide des défis complexes auxquels le pays est confronté »
Une délégation de conseil de sécurité des Nations Unies en visite dans notre pays conduite par les ambassadeurs du Niger et de la France auprès de l’ONU, Excellences Abdou Abarry, et Nicolas de Rivière, a eu une seance de travail, ce dimanche par le Dr Choguel Kokalla Maiga Premier ministre entouré de membres du gouvernement.
Recevant à la Primature les membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies à ce moment particulier notre histoire, le Chef du gouvernement du Mali, M. Choguel Kokalla Maiga, a souhaité la chaleureuse bienvenue et un agréable séjour à ses hôtes. La Délégation du Conseil de Sécurité des Nations Unies séjourne dans notre pays dans le cadre des consultations périodiques avec les Nations Unies depuis l’établissement de la MINUSMA en 2013.
Cette visite, la cinquième du genre, atteste de l’engagement des Nations Unies aux côtés de notre pays et de la région du Sahel qui font face à des défis aussi nombreux que complexes. C’est pourquoi Choguel Kokalla Maiga a tenu à rendre hommage aux femmes et aux hommes de la MINUSMA ; à leur dire sa haute appréciation du travail du Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la MINUSMA et de son équipe ; mais surtout de s’incliner pieusement devant la mémoire de toutes les victimes, civiles et militaires, maliennes comme étrangères, de la crise multidimensionnelle qui affecte notre pays depuis 2012.
Le Premier ministre a dit dans ses propos introductifs que la visite des membres du conseil de sécurité de l’ONU intervient à un moment crucial de la vie de notre nation, marquée depuis quatre mois par la rectification de la trajectoire de la Transition, intervenue le 24 mai 2021.
Son Gouvernement, investi le 11 juin 2021 de la confiance du Président de la Transition, Son Excellence le Colonel Assimi GOITA, a été installé dans un contexte où la crispation politique, les grognes sociales et les difficultés économiques faisaient peser de graves hypothèques sur la stabilité du pays et sur la cohésion nationale.
De toutes ces menaces, Choguel Kokalla Maiga a dit à ses hôtes que celle liée à la sécurité constituait et continue encore de représenter le plus grand péril pour les fondements de notre État et pour l’existence même de notre nation.
C’est pourquoi dans le Plan d’Action du Gouvernement que le Conseil National de Transition (CNT) a approuvé le 02 août 2021, la sécurité occupe, naturellement, l’ordre de priorité le plus élevé.
Bâti autour de Quatre AXES, le Plan d’Action du Gouvernement, qui est notre bréviaire, a dit le Premier ministre repose sur trois piliers que sont le pilier sécuritaire correspondant à l’Axe 1 ; le pilier politique correspondant aux Axes 2 et 3 et, enfin le pilier social qui se rapporte à l’Axe 4.
Ces différents piliers, inter-liés et interdépendants, résument cumulativement trois besoins vitaux pour le peuple malien, indispensables à la survie de notre pays, à la cohésion de notre nation, à la paix et la réconciliation, à la viabilité de sa démocratie et à la stabilité des institutions constitutionnelles a expliqué Choguel Kokalla Miaga aux membres du Conseil de sécurité.
Il s’agit du BESOIN de SECURITE dont la finalité est de permettre à l’État d’exercer pleinement ses prérogatives de puissance publique sur l’ensemble du territoire national. En deuxième lieu, du BESOIN de JUSTICE afin de lutter contre l’impunité et la corruption, deux phénomènes à la base du délitement de l’État. Enfin, du BESOIN DE REFORMES, voire de REFONDATION. En effet, les réformes politiques et institutionnelles et la refondation de notre État sont à la fois une quête vieille de plus de vingt ans et une aspiration profonde de notre peuple, aspiration à la base de l’insurrection populaire ayant conduit au changement de régime le 18 août 2020.
Choguel Kokalla Maiga a expliqué à ses hôtes la situation de la Transition politique en cours qui est le fruit de cette aspiration populaire. Cette transition politique n’aura de sens, in fine, au-delà des questions électorales, que si elle s’attaque de front aux insuffisances politiques et institutionnelles, révélées par la pratique démocratique des trente dernières années ; pratiques marquées par des déficiences graves à la base de la défiance des citoyens dans les institutions publiques, des ruptures politiques violentes et de l’instabilité chronique.
Le premier ministre de rappeler aux augustes membres de la délégation onusienne l’exhortation faite à notre pays en 2018 par la CEDEAO sur ce sujet, qui est une exhortation marquée du sceau du bon sens et du réalisme.
En effet, à l’issue de la Mission d’Information conduite dans notre pays en octobre en 2018 par le président du Conseil des Ministres d’alors, SEM Geoffrey Onyeama, Ministre des Affaires étrangères de la République fédérale du Nigéria, la CEDEAO avait, dans son Communiqué en date du 19 octobre 2018, exhorté les acteurs maliens à entreprendre, à l’issue de élections présidentielles contestées de 2018, les réformes appropriées en ces termes : « Prenant acte de la prolongation de la législature actuelle selon l’avis de la Cour Constitutionnelle et au regard des dysfonctionnements largement reconnus et évoqués par tous les interlocuteurs lors du scrutin présidentiel passé, il est impératif que le Gouvernement et tous les acteurs sociopolitiques conviennent, de manière consensuelle, d’entreprendre des réformes courageuses des cadres légaux, y compris la Constitution de février 1992, et du système électoral avant de s’engager dans les prochaines échéances électorales que compte mener le pays ».
Après le rappel de l’exhortation de la CEDEAO ; le Chef du Gouvernement a dit aux membres du conseil de sécurité des Nations Unies que la crise politique née des élections législatives de mars et avril 2020, avait deux dénominateurs communs.
Le Premier dénominateur est la dimension sécuritaire. La sécurité est la colonne vertébrale de l’État sans laquelle la puissance publique n’est pas légitime et la démocratie ne saurait être viable. Une des illustrations du déficit de sécurité a été l’enlèvement de l’ancien Chef de file de l’Opposition politique, feu Soumaïla CISSE, paix à son âme ; alors en campagne dans sa circonscription électorale de Niafunké pour les élections législatives. Il fut retenu en captivité pendant plusieurs mois par des groupes terroristes avant d’être libéré, a rappelé le Premier ministre.
Ce douloureux épisode met en lumière le lien indissociable entre Sécurité- Démocratie et Droits de l’Homme, a dit Choguel Kokalla Maiga. Comment, en effet, battre campagne dans des contrées affectées par l’insécurité, assurer la pleine participation des citoyens terrorisés dans le débat politique et garantir le libre exercice de leur suffrage, sans le préalable de la sécurité ?
Le second dénominateur de la crise politique de 2020 est l’inadaptation du cadre juridique et institutionnel régissant la gouvernance électorale dans notre pays. Faute d’avoir rénové ce cadre pour l’adapter aux évolutions de notre société et aux standards communément admis dans les démocraties, le Mali a basculé d’abord en 2018, puis en 2020, dans une crise politique post-électorale dont tout le monde mesure aujourd’hui l’ampleur et les conséquences, a expliqué Choguel Kokalla Maiga.
C’est la raison pour laquelle des choix politiques courageux et avisés sont en cours a-t-il dit, au nombre desquels, il citera la mise en place de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections et la tenue des Assises Nationales de la Refondation.
Assises nationales de refondation au terme desquelles les Maliens, à travers toutes les composantes de notre société, vont renouveler leur vision de l’État et redéfinir leurs rapports vis-à-vis de la gestion des affaires publiques.
Choguel kokalla Maiga révèlera à ses hôtes que le panel des hautes personnalités chargé de piloter les Assises Nationales de la Refondation a été nommé par le Président de la Transition et sera officiellement installé la semaine prochaine.
Il a dit que des efforts vigoureux était également en cours pour améliorer la sécurité et la stabilité. Pour le premier ministre ces efforts incluaient la poursuite de l’action militaire, la mise en œuvre d’actions politiques, de gouvernance et de développement portant sur la stabilisation du Centre et la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Sur ce dernier point, le Premier ministre dira que le dernier Comité de Suivi de l’Accord (CSA) atteste des progrès accomplis par les acteurs, à savoir le Gouvernement, mouvements signataires de l’Accord et ceux de l’inclusivité désormais réunis au sein du cadre inter-malien pour la mise en œuvre de l’Accord.
Avant de terminer ses propos liminaires Choguel Kokalla Maiga a appelé de ses vœux à un changement de paradigme en matière de sécurité pour améliorer la situation très préoccupante sur le terrain. Ce changement de paradigme interpelle aussi nos partenaires, parmi lesquels la MINUSMA dont la posture et le mandat doivent tenir compte de son environnement d’évolution.
Le Premier ministre a, au nom du Mali, du président de la Transition, le Colonel Assimi Goita, de son gouvernement et du peuple, exprimé aux membres du conseil de sécurité sa reconnaissance profonde pour l’assistance précieuse et la solidarité agissante de la communauté internationale. Le Gouvernement qu’il dirige est déterminé à relever les défis pour répondre à la profonde aspiration au changement de notre peuple et pour mériter la confiance des amis qui ont accouru au chevet de notre pays.
Le premier ministre exhorte le Conseil de sécurité, ainsi que tous nos partenaires bilatéraux et multilatéraux à apporter leur soutien à la réussite de la Transition et à continuer à avoir une lecture réaliste et lucide des défis complexes auxquels le pays est confronté.
Source : Primature