par Dicko Seïdina Oumar -DSO –
Journaliste – Historien –Écrivain
Finie la période où les ex-rebelles s’enjaillent avec l’argent facile gagné dans les rapines et autres trafics en tous genres, pendant que les contribuables maliens s’endeuillent sous les coups portés par des djihado-rebelles.
Occasion pour les ambassadeurs de bonne volonté présents à la rencontre de Kidal, du 1er février dernier, de noter toutes les impertinences des ex-rebelles (drapeaux indépendantistes, slogans hostiles au Mali et invectives dans des discours improvisés ne reflétant pas pour autant l’opinion de la grande masse des populations de Kidal).
Signataires d’un accord dont ils n’ont que faire et dont tout le monde s’accorde sur la nécessité de revisiter la copie, ce dernier doit être coercitif pour toutes les parties belligérantes.
Et puis, l’Accord dit d’Alger, signé il y a sept ans, qui ne donne satisfaction à aucune des parties, est-il toujours d’actualité ? En effet, le constat est établi que le conflit, qui opposait les rebelles de l’extrême nord du pays au pouvoir central, s’est beaucoup transformé depuis la coalition djihado- rebelle de 2011, qui aura permis l’installation des sanctuaires djihadistes au nord, puis son extension au centre du pays et, aujourd’hui, au reste du pays, gagnant les pays voisins et même au-delà !
C’est dire que l’Accord d’Alger doit s’adapter à cette nouvelle dimension et ne peut se concocter, nulle part ailleurs, en terrain neutre, qu’au Mali.
Le fait de l’avoir compris et refusé toute idée d’un « terrain neutre » oblige le pouvoir de transition à maintenir la dragée haute aux minorités irréductibles de Kidal qui ont pris trop longtemps en otage cette ville sanctuarisée par la France de Hollande, maintenue en l’état par la Macronie de Le Drian et faisant visiblement l’affaire de l’Algérie de Tebboune, qui n’épouse et ne garde une distance équidistante entre les parties que de façon circonstancielle, se rapprochant même souvent des thèses contraires au nom de la realpolitik.
Dans les discours de Kidal, qui nous sont parvenus, aucune allusion au Mali et à la République.
Le représentant du Mali était-il seulement présent à Kidal le 1er février dernier ? Ne serait-ce que le gouverneur de Kidal ?
En tout cas, il se prépare réellement quelque chose, si l’on sait que Kidal est devenu un camp retranché qui s’exhibe à nouveau avec le djihadiste Iad Ag Ghali, ou sont-ce les sempiternelles menaces assorties de chantages auxquels ces groupuscules Touaregs de Kidal nous ont habitués ?
Pour ce qui le concerne en particulier, le président de la Transition, colonel Assimi Goïta, et c’est bien connu, est un personnage peu disert et cette attitude tranche avec celle de ses prédécesseurs qui accouraient avec des « valises » « pour calmer les maîtres chanteurs du nord », entend-on sur les réseaux sociaux et dans quelques « grins » de Bamako qui bruissent de rumeurs dans de telles circonstances.
Quant au gouvernement Choguel Kokalla Maïga – CKM -, il dispose certainement de nombreux canaux de communication et d’information pour « suivre » les remous venant de Kidal.
Pour autant, prépare-t-il une réponse appropriée, sous forme d’une botte secrète qui sied désormais à la cavalcade des irréductibles de Kidal ?
Par ailleurs, pendant que les discussions ont court pour convaincre les tenants de la ligne dure de la CMA de ne pas quitter les accords dits d’Alger, une note, publiée le 1er février et datée du 2 février, signée d’Alghabass aux multiples casquettes, nomme des chefs d’états-majors, comme pour conduire la guerre contre la mère patrie,.
Enfin, chose bizarre, de nombreux notables Touaregs, si l’on en croit la propagande du JNIM, viennent de passer allégeance avec Iyad Ag Ghali, le chef djihadiste, sans que l’on entende une protestation des « ambassadeurs de bonne volonté » ou de leurs pays, alors même que ceux-là clamaient, haut et fort, il n’y a pas longtemps, l’incongruité (républicaine) malienne d’ouvrir des discussions avec les djihadistes, Iyad et Kouffa, pourtant des Maliens bon teints et qui le revendiquent.
Sous les tentes aseptisées dressées pour l’occasion, soit en plein désert entre sables de rêves et décors hollywoodien des montagnes de Tigharghar, ces » hommes bleus » du Nord malien tombent la cravate et s’éloignent du luxe princier de la banlieue de Bamako ou des grands hôtels du voisinage, passant maîtres dans l’art d’endormir leurs auditoires occidentaux et de sortir de leur chapeau abracadabrantesque moult revendications sur les « tortionnaires du sud », sans aucune preuve.
Depuis août 2020, cela coince pour eux, la chute du régime de IBK ayant sonné l’hallali pour de nombreux apatrides.
L’ambiance n’est plus la même au Mali depuis deux ans. En effet et dans certains pays d’accueil, les politiques falots et taillables à merci ont cédé, comme au Mali, face à des de jeunes soldats propulsés sous les feux de la rampe par un peuple débout sur les remparts.
Ce qui est sûr, c’est que la donne a changé en Afrique de l’ouest, le Mali de Assimi ayant fait des émules au Burkina Faso, lequel chouchoutait ces forces obscures sous Compaoré et ses successeurs.
Le Mali éternel, lui, reste débout, malgré les vicissitudes.
Il est temps pour ses adversaires de le comprendre Dicko Seydi Oumar