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MALI: La transition des Colonels s’embourbe dans les crises !

Transition au Mali

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L’arrivée au pouvoir des cinq Colonels avait suscité l’espoir chez une frange importante des Maliens qui les prenaient pour des messies. Plus le temps passe, leur vrai visage apparait au grand jour et le désespoir s’installe. Aux plans sécuritaire, économique et socio-politique, les signaux sont au rouge mettant, du coup, le Mali dans une situation très dangereuse.
En vérité, «la montée en puissance de l’armée » ou encore et la « souveraineté retrouvée » constituent de la poudre aux yeux des Maliens. Nul besoin d’être un diplômé de Havard pour comprendre le petit jeu de ces militaires avides du pouvoir.
En prenant le pouvoir pour, disaient-ils, sécuriser le pays, les 5 Colonels peinent à tenir leur promesse. La visite ou la promenade inutile du premier ministre, Choguel Kokalla Maïga dans la ville de Gao en dit long sur la situation sécuritaire du pays. Comment comprendre que le Premier ministre d’un Etat qui dit avoir retrouvé sa souveraineté, n’est en mesure de se déplacer dans toutes les localités de ce même pays ? En visite dans la région de Gao, la délégation du Premier ministre était très attendue à Bourem et à Ansongo (ville natale de Choguel) où, il devait se rendre. A la surprise générale, ces étapes ont été annulées pour des raisons restées top secret. Toute chose qui a suscité des interrogations et l’indignation chez les populations desdites localités.
Le seul point positif de cette visite ratée de Choguel à Gao est qu’elle aurait permis à certains Maliens de se rendre à l’évidence que les réalités sur le terrain contrastent les discours et slogans creux prononcés sous les climatiseurs à Bamako. En tout cas pour ceux qui veulent comprendre. Aussi, ce qu’il faut surtout savoir, c’est que l’histoire de la visite de Gao n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des mensonges entretenus par les autorités de la transition. En réalité, il existe au Mali plusieurs Ansongo et Bourem où, les services de l’Etat sont quasi absents, où aucune autorité n’ose mettre les pieds pour les raisons que tout le monde sait. Dans quel pays souverain, les autorités sont obligées de mettre la main à la poche pour pouvoir se rendre dans certaines localités ? Le Mali a-t-il retrouvé sa souveraineté sans la ville de Kidal qui est toujours sous le joug des groupes armés ? A quand le retour de Kidal dans le giron de l’Etat central ? ce sont, entre autres, des questions auxquelles, les Maliens attendent des réponses claires de la part des autorités. Les agissements, ces derniers jours, des groupes armés signataires de l’accord pour la paix suscitent les mêmes interrogations. En effet, il y a quelques jours, des groupes armés signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation se sont fusionnés dans l’objectif de défendre des objectifs communs. Pire, ces groupes continuent à défier l’Etat malien en décidant de suspendre leur participation à plusieurs activités entreprises par le gouvernement de transition. Leur refus de participer à la finalisation du projet de constitution en est une illustration. Selon de nombreux observateurs, ces agissements des groupes armés ne sont pas un bon signe dans le contexte actuel.
La situation socioéconomique du Mali est moins en moins reluisante
Depuis quelques années, les partenaires et les investisseurs ont abandonné le pays pour des raisons politique et sécuritaire. « L’argent n’aime pas le bruit » dit-on. Cette situation est exacerbée par les sanctions et l’embargo pris par l’UEMOA et la CEDEAO à l’encontre du Mali. A cela, s’ajoute la pandémie de la covid 19 et le conflit en Ukraine qui ont engendré une cherté de la vie sans précédent dans le monde. Il faut le dire, la situation économique du Mali est tout simplement alarmante. Suite à ces situations, l’Etat se contente des recettes fiscaux et douanières, pour payer le salaire des fonctionnaires ou pour acheter des armes, pas plus.
Les denrées de première nécessité sont inaccessibles à cause de la flambée de leur prix. Très peu de Maliens se procurent trois repas par jour. Selon un rapport de la Banque mondiale intitulé « la résilience en des temps incertains » publié en 2021, le taux national de la pauvreté au Mali aurait augmenté de 42,5% en 2019 à 44,4% en 2021. La situation va s’empirer les prochaines années, si le pays n’améliorait pas sa coopération avec certains partenaires.
Bien qu’atteints d’une pauvreté inqualifiable, les Maliens se contentent d’un orgueil souverainiste en soutenant mordicus les artisans de de leur misère. Mais pour combien de temps ? D’ores et déjà, des voix commencent à se lever pour dénoncer la situation de cherté et de pauvreté extrême qui perdure.
Sur le plan politique, les autorités de la transition continuent d’entretenir le flou sur les reformes et l’organisation des élections. Aujourd’hui, les principales incompréhensions entre les autorités de la transition et les partenaires et la communauté internationale s’expliquent par cette situation politique confuse. La CEDEAO, l’Union Africaine et l’ONU souhaitent l’organisation rapide des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel, gage de stabilité d’un Etat. Mais ayant pris goût à l’eau minéral, aux voitures de luxe et au climatiseur, les cinq Colonels peinent à tenir les engagements qu’ils ont pris devant la communauté internationale à savoir : rendre le pouvoir aux civils à travers l’organisation rapide d’élections transparentes. Aujourd’hui, force est de constater que les autorités de transition se hâtent, très lentement, pour organiser ces élections très attendues. De nombreux observateurs politiques regrettent de constater que le chronogramme électoral qui a été fixé par le gouvernement de transition ne sera pas respecté. Comme si cela ne suffit pas, des acteurs politiques et de la société sont contraints a suivre la ligne dictée ou à quitter le pays. Toute chose qui n’augure pas de bonnes perspectives pour cette transition et le Mali.
Face à cette situation, des organisations politiques et de la société civile dont la COCEM (coalition citoyenne pour l’observation des élections au Mali) demandent au gouvernement à proposer, sans tarder, un nouveau chronogramme, afin d’éviter le pire. Pour les responsables de cette organisation, la non organisation des élections dans un futur très proche est synonyme d’enfoncement du Mali dans le gouffre. Les Maliens ont assez applaudi. Ils attendent désormais des Colonels, des actes concrets. Le temps des discours étant révolu !
Aboubacar Berthé

Source: le Serment du Mali

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