A quelques semaines du renouvellement de son mandat, des centaines de manifestants se sont rassemblés ce vendredi 28 avril 2023, à l’appel de Yerewolo Debout sur les remparts, ainsi que de plusieurs partis politiques et autres organisations de la société civile pour demander le départ de la MINUSMA. En dehors de Bamako, le sentiment négatif vis-à-vis de la Minusma semble toutefois plus nuancé. C’est le cas notamment dans le nord du pays, à Gao, où les populations apprécient les actions de développement mises en place par la mission de l’Onu, d’autant plus que celle-ci crée des emplois sur place.
Hamzata MAIGA, Chauffeur
«Je ne suis pas du même avis les jeunes de Bamako»
Il est presque 20 heures au stade Kassé KEITA de Gao, mais c’est toujours l’ambiance. Malgré le contexte, les jeunes sont toujours là en train de faire du sport. Vers le côté est du stade, une équipe de basket est sur le qui-vive pour préparer la coupe du Mali. Plus loin, c’est une équipe de football.
Entre deux lancées, nous engageons les débats avec Hamzata MAIGA, chauffeur de son état sur la problématique du mandat de la MINUSMA.
«Je ne suis pas du même avis les jeunes de Bamako. Nous ne voyons pas les choses de la même manière. De mon côté, la MINUSMA me va bien, parce qu’ils aident les gens. Il y a beaucoup de gens qui travaillent à la MINUSMA. Même si je ne travaille pas, si j’ai des amis ou des frères qui y travaillent, ça me va. Donc, il y a beaucoup de gens qui travaillent ici à la MINUSMA, ça diminue le chômage», a assuré M. MAIGA, la trentaine révolue.
Alors qu’ailleurs, à Bamako notamment, on pense que c’est le couvre-feu une fois la tombée dans la cité des Askia en raison de sa réputation d’une dangereuse, M. MAIGA, tranche : « c’est fait, on est à l’aise ici. On peut jouer jusqu’à 21 heures sans souci majeur. On rentre à la maison et on ressort pour causer jusqu’à minuit voire 2 heures souvent. On fait tout ce qu’on veut, on est tranquille»
Selon lui, MINUSMA et la police malienne organisent beaucoup de patrouilles en ville qui permettent aux jeunes de se sentir en sécurité.
« Il faut que les gens sachent que nous sommes avec la MINUSMA qui a beaucoup fait pour la stabilité de la région. Je suis sûr que ceux qui demandent le départ de la MINUSMA sont des gens qui ne se sont pas bien informés sur la mission. Je suis sûr que s’ils viennent ici, ils peuvent avoir des opportunités avec le MINUSMA», a-t-il conseillé.
«Je n’ai pas peur des enlèvements»
De son côté, Mme Aminata MAIGA, étudiante à l’école de santé est aussi présente ce soir, elle se montre stoïque.
«Je n’ai pas peur des enlèvements. Ici, c’est chez moi, je suis né grandie ici. Par rapport à l’insécurité, bien sûr, ça existe, mais ça dépend des gens. On se sent à l’aise ici. Les deux forces (FAMa, MINUSMA) font de leur mieux. Mais, partout où on est, ce qui peut arriver arrivera», s’est-elle montrée stoïque.
S’agissant de la MINUSMA, la future sage-femme invite les gens à voir le bon côté des choses.
«Il faut laisser le MINUSMA en paix, elle a beaucoup fait pour le développement de la région de Gao. Aujourd’hui, la majorité de la communauté de Gao travaille avec la MINUSMA. Si la MINUSMA part, qu’est ce qui va se passer quand on sait qu’il y le banditisme dans la région», a-t-elle défendue.
«Je pense que ce sont des gens manipulées»
Tous les soirs, Mohamed DIALLO vient lui aussi s’entraîner au Stade Kassé KEITA. Même s’il commence à se faire tard, M. DIALLO qui travaille à l’Hôpital de Gao n’est pas pressé de rentrer.
«Nous quittons le terrain aux environs de 20 heures voire 21 heures, et il n’est pas exclu que je sorte après».
S’agissant de la MINUSMA, il opte pour le maintien.
«Nous disons non au départ de la MINUSMA. Elle travaille bien ici. J’ai des parents qui y travaillent. Nous n’avons pas de problème avec le MINUSMA», a-t-il fait savoir avant d’inviter les forces de la MINUSMA à œuvrer davantage pour ramener la sécurité et la paix au niveau de la région.
Pour lui, ceux qui demandent le départ de la MINUSMA ignore tout de ce fait la MINUSMA au nord du pays.
«Je pense que ce sont des gens manipulés. Nous demandons à la MINUSMA de rester autant que possible», a-t-il.
Par Abdoulaye OUATTARA