Me Saïd LARIFOU à propos du procès de SONKO: «Il y a une cabale judiciaire qui est tendue en mon client».
Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder vendredi dernier, via WhatsApp, depuis Paris, l’un des avocats de l’opposant sénégalais Ousmane SONKO, fraîchement investi par son parti comme candidat à l’élection présidentielle de 2024, revient sur les fausses accusations et «l’instrumentation de l’institution judiciaire». Selon Me Saïd LARIFOU, les autorités ont estimé qu’il fallait l’humilier son client et «Les injustices dont ont été victimes mon client soient dénoncées, bien sûr au Sénégal, puisqu’ils sont les premiers concernés, mais partout en Afrique».
Condamné le 1er juin dernier à deux ans de prison ferme, 20 millions de F CFA de dommages et intérêts et 600 000 F CFA d’amende, Ousmane Sonko est toujours libre. Cette liberté est relative certes, l’opposant étant assigné de fait à résidence depuis plusieurs semaines. Depuis la fin de ce procès, ses avocats continuent de dénoncer une mascarade judiciaire et une «l’instrumentation de l’institution judiciaire» dont le but est d’empêcher M. SONKO d’être élu président du Sénégal en 2024, à l’image de Me Saïd LARIFOU, Avocat à la Cour Inscrit au Barreau de Moroni (Comores),
D’entrée de jeu, il a affirmé : «il n’y a pas de dossier judiciaire de Monsieur Sonko, il y a une cabale judiciaire qui est tendue en mon client ».
Il a indiqué que son client, n’a cessé de condamner cette fausse accusation qui a été fabriquée toute pièce justement pour tenter de ternir son image, pour tenter de l’affaiblir politiquement, voire même de le tuer politiquement.
Il s’est réjoui de constater, dit-il, que l’opinion s’est fait déjà une idée sur l’instrumentalisation de l’institution judiciaire dont le but est d’abattre politiquement un adversaire sérieux.
«C’est pour cette raison que le tribunal criminel de Dakar n’a pas eu la moindre difficulté pour confirmer cette thèse de machination en acquittant Monsieur SONKO des acussasitions.de viol et menaces de mort faute de preuve», a justifié Me LARIFOU.
Mais, en revanche par pirouette grotesque et juridiquement mal fondée, le tribunal, a-t-il déploré, l’a condamné pour corruption de jeunesse alors qu’il était renvoyé et jugé en son absence pour viol.
«Il s’agit d’une décision de substitution qui est une réponse à une commande politique», a critiqué l’avocat de M. SONKO.
Selon lui, Ousmane SONKO est un candidat atypique qui a compris dès son engagement en politique qu’il fallait mener, dégager une vision, d’abord faire une lecture de la situation du Sénégal, sans doute, et puis une nouvelle lecture des défis auxquels notre continent (l’Afrique) est confrontée.
Ainsi, il inscrit son combat, son engagement politique, dans cette vision et c’est pour cette raison qu’il n’a pas eu des difficultés à rassembler la jeunesse sénégalaise et les forces vives africaines autour de son combat.
«Je pense que le combat mené par Monsieur Sonko au Sénégal dépasse sa personne», a souligné Me Saïd LARIFOU.
Et c’est pour cette raison, dit-il, que les injustices dont ont été victimes M. SONKO sont dénoncées, bien sûr au Sénégal et mais partout en Afrique.
Dans leur stratégie, les avocats de l’opposant sénégalais ont décidé d’internationaliser le combat mené par notre client.
«Je pense que là-dessus, nous avons gagné, puisque s’il y a quelqu’un qui est isolé aujourd’hui ce sont les tortionnaires qui ont tué les militants de Monsieur Sonko et non pas monsieur SONKO», a fait constater Me. LARIFOU.
Il ressort de son propos que ‘’ le discours de Monsieur SONKO ne dérange pas la France, mais dérange certains intérêts qui sont en conflit avec ceux de l’Afrique’’. Pour lui, chacun défend les intérêts de son pays et puis de son continent et c’est aux Africains de penser à l’avenir de l’Afrique, bien sûr en partenariat avec nos partenaires.
« C’est à nous de définir les schémas proprement africains pour le développement de notre continent africain. M. Sonko n’est pas en conflit avec qui que ce soit. Il défend les intérêts de son pays, le
Sénégal ; il est très attaché à son continent, à l’avenir de son continent, le continent africain», a-t-il fait savoir.
Selon lui, Ousmane Sonko est un homme d’État qui est respectueux des institutions constitutionnelles de son pays, et l’institution judiciaire particulièrement.
«Il a toujours répondu aux convocations des enquêteurs et puis celles du juge d’instruction qui est déchargé de l’instruction. Mais les autorités ont estimé qu’il fallait l’humilier ; qu’il fallait l’agresser. Les forces de défense et de sécurité ont aspergé du gaz lacrymogène sur monsieur Sonko qui a été blessé et hospitalisé, et mise en arrêt maladie», a-t-il déploré.
Pour lui, dans cette affaire, il s’agit tout simplement d’une opération d’instrumentalisation de l’institution judiciaire du Sénégal.
«Ceux qui sont à l’origine de cela, ce sont des ennemis de la République, ce sont des ennemis d’un État de droit. Ils ont voulu discréditer la justice sénégalaise, ils doivent assumer leur responsabilité. Ils doivent aussi répondre des crimes et puis des assassinats commis contre les manifestants», s’est-il insurgé.
Par Abdoulaye OUATTARA