Il devient de plus en plus clair que la menace d’une intervention militaire au Niger s’éloigne inexorablement.
Les éléments de langage commencent à apparaître du côté de nombreuses chancelleries-ouest africaines.
C’est une opération militairement risquée et politiquement suicidaire.
Outre son caractère illégal et illégitime, cette intervention laissera des fissures au sein de plusieurs pays, notamment le Nigeria, future locomotive de cette opération militaire, où la demande de Bola Mohamed Tinoubou a été rejetée par le Sénat. Pour la simple raison « qu’elle n’est pas motivée ».
Ceci est d’autant plus juste que le Président nigérian peine à trouver une justification. Parce que pour que l’armée nigériane soit autorisée par le Senat à entrer en guerre contre un Etat, il faut bien que les intérêts du pays soient menacés.
La question que se posent les sénateurs est de savoir en quoi un Coup d’Etat au Niger menace-t-il les intérêts du Nigeria?
Par ailleurs, quelles sont les dispositions de la CEDEAO ou de la Charte de l’Union Africaine qui est on ne peut plus clair:intangibilité des frontières, interdiction de porter la guerre dans un Etat membre, non ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat membre, règlement pacifique des conflits. De même que la Charte des Nations Unies?
Sur quel disposition du droit international les dirigeants de la CEDEAO et leurs alliés peuvent s’appuyer pour autoriser une intervention armée contre un Etat souverain même lorsqu’il y’a un coup d’État contre les institutions démocratiques?
C’est la raison pour laquelle Bola Tinubu recule et plaide pour une solution politique.
Si le Nigeria change de position, qui pourrait prendre le relai au niveau des partisans de la » ligne de fermeté face aux putschistes « ?
Le Benin ne montre pas un enthousiasme particulier. Patrice Talon qui avait été dépêché à Bamako,Ouaga, Conakry et Niamey pour apporter le » message de fermeté » aux militaires a courageusement renoncé à sa mission pour laquelle il avait pourtant donné son accord après son entrevue à Abuja avec le Président en exercice de la CEDEAO. Selon plusieurs sources diplomatiques Il a éteint ses telephones et était aux abonnés absents.
Le Togo botte en touche et est froidement mis à l’indexe par les nouvellles autorités nigeriennes qui ont rappelé l’ambassadeur. La Côte d’Ivoire s’interroge à mots couverts…
Le Sénégal qui annonce avec fracas sa participation ne pèse pas lourd dans cette confrontation. Au plan intérieur, Macky Sall qui vit une situation insurrectionnelle aux conséquences imprévisibles, pratique la fuite en avant en endossant un engagement sur le théâtre de guerre pour lui permettre de mieux accomplir son forfait contre la démocratie dans son pays.
Aussi, il est bon de rappeler qu’aucun de ces pays cités plus haut n’a respecté une décision de justice de l’instance communautaire.
Exemples d’illustration: dans l’affaire karim wade et Khalifa Sall, Macky Sall n’a jamais exécuté les decisions du Tribunal d’abuja, tout comme Alassane Dramane Ouattara dans le cas de l’ancien Premier ministre Guillaume Soro.
Patrice Talon est également resté de marbre concernant ses opposants incarcérés..
L’on se souvient également de la non-execution par les États membres de la décision judiciaire du Tribunal de la CEDEAO qui a suspendu les sanctions arbitraires, illégales,injustes et inhumaines de l’UEMOA et de la CEDEAO à l’encontre du Mali.
Qui pourrait donner un exemple de respect de la démocratie et de l’État de droit? Qui veut tromper qui?
La France qui semble donner » un soutien déterminé à l’intervention » peine à rallier ses alliés européens plus enclins à une solution politique négociée qu’à une guerre qui va inévitablement conduire à l’apocalypse, surtout, si l’action projetée oublie la dimension géopolitique et géostratégique de la région.
On n’a pas fini de gérer les conséquences de la guerre coloniale contre la Libye….
L’Algerie qui ne cesse de souffler le chaud et le froid et qui s’illustre outrageusement par le reniement à tout crin de ses positions avant-gardistes se redresse. Sûrement à cause de la pression de son allié russe qui souhaite réduire la France à sa plus simple expression intrinsèque..
Alors question…
A quand demain au Niger ?
Nouhoum keita