Processus de paix au Mali: le gouvernement invite les groupes signataires de l’accord de paix au dialogue
Tout en réaffirmant son attachement à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali ainsi qu’à l’Accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 ; le gouvernement du Mali vient d’inviter ‘’les frères’’ des mouvements signataires de l’Accord à revenir à la table des négociations dans le processus de paix en vue de surmonter les défis actuels par la voie du dialogue.
L’information a été donnée à travers un communiqué du ministre de la Réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale ; Chargé de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, le Colonel Major Ismaël WAGUÉ, rendu ce lundi 28 août 2023.
Ça serait un euphémisme que de dire qu’entre le gouvernement et de transition et les groupes signataires de l’Accord pour la paix, c’est le désamour, depuis la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ont décidé de suspendre leur participation aux instances de mise en œuvre de l’Accord. Une tension qui s’est exacerbée ces derniers temps dans le cadre de la rétrocession des camps des forces de la MINUSMA convoités par les FAMa et les éléments des groupes signataires dans le nord du pays.
Suite aux tensions de ces derniers mois, des appels se sont multipliés au plan national et international pour inviter les parties à un règlement pacifique des différends.
Aussi, dans un mémorandum rendu public ce mardi 22 août 2023, un consortium des organisations de la société civile, composé du CNSC, du FOSC, de la CAFO, du CNJ-MALI, de la PFFLM, avait lancé un appel à la relecture de l’Accord pour la paix au Mali, issu du processus d’Alger, dont la mise en œuvre est dans l’impasse depuis plusieurs mois, conformément aux dispositions prévue à l’article 65 dudit document.
Face au blocage persistant depuis le mois de décembre 2022, le Consortium préconise la relecture de l’Accord sur la base de l’article 65 de l’Accord qui détermine les modalités de cette relecture entre les parties signataires afin de prendre en compte les dispositions majeures contenues dans la constitution promulguée le 22 juillet 2023.
Il invite aussi les parties à revoir le dispositif institutionnel de mise en œuvre et de suivi de l’Accord pour en faire un Accord inter-malien dont les représentants des instances seront choisis sur la base de la représentativité et de la légitimité.
Autre initiative, en vue de relancer le dialogue inter-malien, une rencontre des notables et légitimités traditionnelles s’est tenue le dimanche 20 août 2023, au domicile de l’honorable Bajan AG HAMATOU, membre du CNT à Banankabougou et à son initiative. L’objectif principal de la rencontre était de proposer une solution définitive au problème qui oppose l’État malien et les mouvements armés, afin de trouver une issue favorable par les vertus du dialogue à cette crise qui n’a que trop duré.
Dans le relevé des conclusions de la rencontre, il ressort que les légitimés appellent les parties maliennes au respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’État du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et de son caractère laïc.
De même, les groupes armés signataires et les autorités de la transition sont invités au respect des engagements pris dans l’Accord de paix et à son application à travers les dispositions qu’il a prévues (Article 65) pour sa relecture concertée à l’initiative des parties signataires.
Les notables ont aussi appelé à l’ouverture des pourparlers inclusifs avec les groupes armés jihadistes de nationalité malienne par le biais des facilitateurs désignés par les plus hautes autorités nationales.
Par ailleurs, ce lundi 13 mars 2023, à l’issue d’une réunion virtuelle sous la présidence de l’Ambassadeur Boudjema Delmi, président du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger (CSA), la Médiation internationale avait appelé les parties au dialogue.
Ainsi, à l’issue des consultations qui ont eu lieu à Bamako, à Kidal et à Alger, la Médiation internationale avait «réitère sa ferme conviction que la persistance de l’impasse actuelle est porteuse de graves dangers et qu’aucun effort ne doit être ménagé pour surmonter cette impasse au plus vite ».
Comme pour donner une suite favorable à toutes ses initiatives, le gouvernement vient d’inviter les responsables des groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger à revenir à la table du dialogue.
«Le Ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion National, Chargé de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation Nationale invite les frères des mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali à revenir à la table des négociations dans le processus de paix en vue de surmonter les défis actuels par la voie du dialogue», indique le communiqué du département, en date du 28 août 2023.
«Le Gouvernement reste attaché à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali ainsi qu’à l’Accord de cessez-le-feu du 23 Mai 2014», poursuit ledit communiqué.
D’ores et déjà, le Colonel-Major a déjà rencontré ce lundi, 14 août 2023, a rencontré l’ensemble des mouvements de l’inclusivité, signataire de l’Accord pour la paix.
Les échanges ont porté sur la suite du processus de paix après l’adoption de la nouvelle Constitution, ainsi que sur les défis sécuritaires et humanitaires après le départ de la MINUSMA.
L’objectif de cette rencontre était de définir une approche collective afin de relever les défis d’une paix durable et qui intègre toutes les strates de la société.
A titre de rappel, cet accord a été signé le 15 mai et le 20 juin 2015 à Bamako entre le Gouvernement du Mali et les mouvements signataires avec pour finalité de rétablir la paix au Mali, la création d’une armée reconstituée intégrant les anciens groupes armés signataires, et des mesures de développement économique spécifiques au Nord du pays sur la base d’un effort de dialogue, de justice et de réconciliation nationale.
Pour ce faire, un Comité de suivi de l’accord (CSA) a été mis en place avec l’implication des parties prenantes et des partenaires internationaux dont l’Algérie joue le rôle de Chef de file.
Malgré l’attachement des parties maliennes et de la communauté Internationale à cet Accord comme solution à une paix durable, huit ans après la signature en juin 2015, la mise en œuvre de l’Accord reste extrêmement laborieuse et complexe.
Par Abdoulaye OUATTARA