Interpellé le lundi 4 septembre par la Brigarde d’investigation judiciaire, Adama Diarra dit ben le cerveau, président du mouvement Yèrèwolo et membre du conseil national de la transition a été présenté mardi 5 septembre au Procureur de la République près le tribunal de la commune VI, avant d’être mis, à la surprise générale, sous mandat de dépôt le même jour. Son procès devrait en principe avoir lieu ce vendredi.
Considéré comme l’un des grands soutiens des autorités de la transition, Ben le Cerveau et son association ‘’Yèrèwolo Debout sur les Remparts’’ ont joué un rôle déterminant dans la chute du régime d’IBK et le retrait des forces françaises (Barkhane) et onusiennes (Minusma) à travers la mobilisation des populations et l’organisation des manifestions de soutiens aux autorités de transition.
Ces dernières semaines, il s’était montré très critique vis-à-vis les autorités de la transition en s’adonnant à des déclarations aux allures de menace ou de chantage contre ses alliés sur les réseaux sociaux. D’aucuns constataient que Ben franchissait une à une les lignes rouges tracées par les autorités de transition et devenait incontrôlable pour celles-ci. Un comportement qui a suscité moult interrogations chez les supporters des autorités de la transition, lesquelles n’avaient d’autres choix que de rappeler leur allié à l’ordre.
En effet dans une de ses vidéos sur les réseaux sociaux, Adama Diarra, non moins membre du conseil national de la transition, laisse entendre que «les autorités de transition et les Maliens devraient s’attendre au pire, si les élections ne sont pas organisées aux dates prévues conformément au chronogramme convenu ». Pourquoi celui que l’on considère comme un soutien inconditionnel de la transition et se trouvant aux premières loges du pouvoir (CNT) va jusqu’à affirmer que « les services de renseignements de l’Etat travaillent sur les rumeurs, sur du faux en faisant des arrestations arbitraires » ? Aussi, il aimait, ces derniers jours, répéter qu’un évènement désavantageux pour les autorités serait en téléchargement et se produirait en octobre prochain ? A quel évènement fait-il allusion ? C’est une autre question qui reste sans réponse à ce jour et qui prouve à suffisance que Ben le Cerveau ne jouait plus franc jeu avec les militaires au pouvoir. La justice a besoin de comprendre les motivations du revirement de ce leader de la société civile qui a été associé à tous les plans secrets de la transition. Toute chose qui expliquerait son arrestation. En attendant son jugement attendu ce vendredi 8 septembre, le parquet lui reproche d’avoir porté « atteinte au crédit de l’Etat ». Une infraction punissable par le Code pénal malien d’un emprisonnement de 3 mois à 2 ans et d’une amende de 24 000 à 240 000 FCFA.
La réaction l’association Yèrèwolo Debout sur les Remparts ne s’est pas fait attendre, après l’interpellation de son leader.
Dans un communiqué, l’association yèrèwolo indique que « le seul motif de son interpellation évoqué par les services compétents est et reste « l’atteinte au crédit de l’État’’. YEREWOLO, mouvement souverainiste et panafricain, rappelle que son objectif a toujours été et demeure la défense de la Patrie et celle des intérêts du peuple malien. Mouvement épris de paix et de justice, YEREWOLO croit sincèrement en notre justice, en son impartialité et en son indépendance. Par conséquent, le Mouvement invite tous ses Militants et Sympathisants à continuer de Protéger la Transition sur cette dynamique panafricaine enclenchée par le Peuple et les Autorités du Mali contre l’impérialisme sous toutes ses formes ». Un communiqué d’apaisement comme pour reconnaitre que leur camarade a franchi le Rubicon.
Rappelons qu’Adama Diarra n’est pas le premier membre du CNT à être réprimé pour ‘’atteinte au crédit de l’Etat’’. Issa Kaou Djim, avait connu le même sort en octobre 2021 pour avoir multiplié les sorties très critiques sur les réseaux sociaux contre le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maiga. Pour ce faire, il a été mis sous mandat de dépôt et incarcéré pour l’infraction d’«atteinte au crédit de l’État», avant d’être démis de ses fonctions au Conseil National de Transition (CNT) par l’abrogation de son décret de nomination.
Abou Berthé
Le Serment du Mali