MOUSSA ALASSANE DIALLO: « Le marché sera suffisamment approvisionné en sucre et le prix sera abordable pendant le mois de ramadan… »
Ministre de l'Industrie et du Commerce
C’est du moins, l’assurance donnée par le ministre de l’Industrie et du Commerce, moussa Alassane Diallo lors d’une interview exclusive accordée à la télévision nationale, dans le cadre de sa nouvelle émission appelée « Malikura Taasira ». Le ministre a saisi l’occasion pour dévoiler les projets, programmes et reformes entrepris pour assurer un développement industriel, pour stabiliser les prix des produits de première nécessité et surtout pour assurer l’autosuffisance alimentaire au Mali.
Comme il fallait s’y attendre, l’actualité a obligé le ministre de l’Industrie et du Commerce a parlé, en premier lieu, de la cherté de la vie au Mali. La cherté de la vie, la flambée des prix des denrées de première nécessité, la pénurie des denrées sur le marché, dit-il, s’inscrit dans un objectif global du gouvernement de la transition. Cet objectif, poursuit-il, c’est de mettre les préoccupations des populations au cœur des actions du gouvernement. Autrement dit, assurer la disponibilité des denrées de première nécessité demeure une préoccupation majeure du département de l’Industrie et du Commerce. « L’objectif à court terme de mon département c’est d’assurer la disponibilité et la régularité de l’approvisionnement des marchés en denrées de première nécessité », a-t-il rappelé.
Selon M. Moussa Alassane DIALLO, globalement, le marché malien est assez approvisionné en denrées de première nécessité, même si certains prix font l’objet de polémique. Pour lui, au-delà de l’approvisionnement des marchés en denrées de première nécessité, il faudrait lutter contre l’inflation qui n’est autre que cette flambée des prix qui détruit l’épargne et favorise la paupérisation des populations. C’est dire que la sécurisation du pouvoir d’achat des populations les plus vulnérables s’inscrit dans la politique de stabilisation des marchés envisagée par le gouvernement.
Selon le ministre, la stabilisation du marché au Mali passera par l’autorisation des contingents d’importation de certains produits avec des exonérations. Cela est une solution anticipative et d’urgence à la flambée des prix et à la pénurie de certains produits.
Il a expliqué que le déficit du marché en sucre s’inscrit dans une dynamique structurelle, à laquelle on a toujours apporté une réponse conjoncturelle. Ce qui ne marche pas. C‘est Pourquoi, le Mali est confronté à la pénurie du sucre depuis l’indépendance. Le département de l’Industrie et du Commerce travaille à faire une rupture entre apporter une réponse conjoncturelle à un problème structurel. Cette rupture envisagée passera forcement par l’aménagement des terres agricoles.
« Le Mali a la terre, le Mali a l’eau, le Mali a le soleil et les ressources humaines. Comment ne pas aménager des terres pour assurer notre autosuffisance alimentaire en sucre? Comment ne pas mettre à niveau les deux unités sucrières (Sukala et Nsukala) que nous avons, pour assurer une production suffisante du sucre ? », S’interroge le ministre.
A l’en croire, une mission brésilienne est attendue au mois de janvier pour faire une évaluation de performance industrielle des deux unités et faire des propositions d’aménagement de terres dans la zone Office du Niger. Cela permettra d’avoir une vision globale de la situation pour qu’à l’échelle de 3 ans qu’on ne parle plus de pénurie de sucre sur le marché malien et pour permettre au département de tutelle de s’occuper à d’autres choses.
Des mesures concrètes sont-elles prises pour permettre aux populations d’avoir le sucre à un prix abordable pendant le mois du Ramadan ?
A cette question, le ministre a donné une réponse rassurante, très rassurante. « Vous savez, quand on gère un Etat ou une entreprise, il faut de l’anticipation, il faut de la programmation, il faut de la planification. Moi en tant que ministre de l’Industrie et du Commerce, m’assoir dans mon bureau et attendre que le 11 mars 2024 arrive et qu’on dise qu’il y a pénurie de sucre sur le marché, ce serait pour moi totalement irresponsable…Nous allons réquisitionner 25 000 tonnes de sucre dans la production sucrière de Sukala et de Nsukala. Ces 25 000 tonnes correspondent à la consommation d’un mois, c’est-à-dire le mois du ramadan. Le marché sera suffisamment approvisionné en sucre et le prix sera abordable pendant le mois de ramadan ».
Rappelons qu’il quelques jours, la Direction Générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence a, dans un communiqué en date du 3 janvier, fixé le prix du kilogramme du sucre à 600 FCFA sur toute l’étendue du territoire nationale.
Certains commerçants dénoncent la démarche du gouvernement, laquelle viole le principe de libéralisation du marché. Par rapport à cette situation, le ministre a été on ne peut plus claire. Selon lui, la libéralisation du marché n’empêche pas l’encadrement des prix, surtout quand il s’agit de la vie des populations. C’est pourquoi, pour certains produits de première nécessité comme le sucre, l’Etat procède à l’encadrement des prix. C’est une politique du gouvernement pour alléger la souffrance des populations en leur permettant d’accéder aux denrées de première nécessité à moindre coût.
« La libéralisation du marché c’est bien, mais lorsque le marché est biaisé par des facteurs exogènes, en ce moment il faut des mesures administratives pour régulariser le marché. C’est ce que nous faisons en encadrant les prix de certains produits comme le sucre », a expliqué le ministre.
Au cours de l’interview, le ministre a parlé de la relance de certaines unités industrielles (Comatex, UMPP) et celle programmée ( HUICOMA). A ses dires, la relance ou la réhabilitation des unités n’est pas une nécessité, c’est une exigence, si le Mali veut avoir une véritable souveraineté. Il aussi annoncé la construction très prochaines des usines de production du ciment dans la région de Sikasso et à Kersignalé dans la région de Kayes. S’y ajoute, la création de deux usines de filature au Mali (une à Bamako et une Koutiala) pour une capacité totale de Transformation de 45 000 tonnes de coton graine. Toute chose qui permettra de passer de 1% de transformation actuelle du coton à 10%. Le ministre a également insisté sur la protection des unités industrielles déjà existantes et celles qui seront créées.
Rassemblés par Aboubacar Berthé
Source : le Serment du Mali