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Coupe illégale du bois : L’autre source de financement du terrorisme au Mali

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L’exploitation du bois est au cœur de l’expansion rapide du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) dans le sud du Mali, indique l’Institute for Security Studies (ISS), dans un récent rapport cité dans une publication en date du 27 juin 2024. Il ressort du document que l’exploitation illégale du bois a généré environ 13,8 millions de dollars entre 2019 et 2021, soit 8 milliards de F CFA, et que cette activité a soutenu financièrement les organisations extrémistes telles que la Jama’a Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) c’est à dire le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).

Le rapport de l’ISS révèle que le GSIM, affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), profite de cette exploitation forestière non réglementée pour financer ses opérations et renforcer son emprise sur plusieurs régions du Mali.
A en croire les auteurs dudit rapport, plusieurs témoignages font état de la présence et du contrôle du groupe dans les secteurs de l’exploitation minière et forestière et du commerce illicite dans l’ensemble du Sahel.
D’ailleurs, depuis 2021, les incursions du GSIM dans les régions du sud ciblent les réserves du Baoulé, situées entre Kayes et Koulikoro. Les réserves de biosphère du Baoulé, qui couvrent environ un million d’hectares, sont gérées par le département des parcs nationaux et le service forestier du Mali. Elles sont inscrites depuis 1982 sur la liste du réseau mondial des réserves de biosphère de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture et doivent donc faire l’objet d’une protection particulière.
Les combattants du GSIM ne sont pas impliqués dans l’exploitation forestière proprement dite. Ils contrôlent les réserves forestières et exigent des redevances des bûcherons illégaux qui veulent accéder à la zone.
Au départ, le GSIM ne demandait pas de droits d’exploitation, comme l’ont expliqué les bûcherons à l’ISS. Puis en 2022, les militants ont commencé à exiger des droits d’accès d’environ 8 dollars US (5 000 francs CFA) par mois, ou sur la base des besoins par chargement. Les témoignages des agents forestiers et des bûcherons laissent entendre que l’argent liquide permet au GSIM de mobiliser des ressources et d’asseoir son contrôle sur la zone.
Certains bûcherons ont déclaré qu’ils payaient parce que l’exploitation forestière était rentable et essentielle à leurs moyens de subsistance. Ils ont précisé qu’il était plus facile d’accéder aux sites d’exploitation qu’auparavant, lorsque les agents forestiers du gouvernement en restreignaient l’accès et exigeaient des droits pour les permis d’exploitation, qui étaient souvent retardés.
Le GSIM a également répondu plus activement que les agents de sécurité aux griefs entre les bûcherons et les bandits opérant dans la forêt. Les habitants de la région ont déclaré à l’ISS que, grâce aux indications des bûcherons, le GSIM a pu déloger les bandits, tuant la plupart de ceux qui ne s’alignaient pas sur ses diktats. La réponse du GSIM à cette menace de longue date contre les bûcherons a été une mesure importante qui a permis de renforcer les relations avec les communautés en quête de protection et de meilleurs moyens de subsistance.
Cela montre que les personnes impliquées dans les économies illicites s’adaptent souvent aux situations de sécurité en s’alignant sur les groupes armés pour maintenir leur source de revenus.

Des agents de l’Etat indexés
L’exploitation et l’exportation du kosso, un bois de rose menacé d’extinction et protégé par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, dans les zones contrôlées par le GSIM supposent une corruption importante des agents forestiers et des fonctionnaires.
Des négociants chinois seraient également impliqués dans l’exploitation forestière à grande échelle et le trafic de bois, en particulier de kosso, du Mali vers la Chine.
Environ 220 000 grumes de kosso ont été exportées du Mali vers la Chine à partir de 2020-2022 pour satisfaire l’augmentation de la demande de meubles de luxe. Les grumes sont transportées par la route jusqu’au port de Dakar au Sénégal, d’où elles sont expédiées en Chine. Cependant, on ne connaît pas exactement l’étendue des interactions entre les négociants chinois et les collaborateurs du GSIM dans les réserves du Baoulé.
Bien que le Mali ait mis en place des restrictions contre l’exploitation forestière excessive, en particulier dans les réserves forestières, comme l’interdiction d’exportation des grumes de Kosso en 2020, il n’a qu’une capacité limitée à réguler l’économie de l’exploitation forestière.
Dans ce contexte, il est essentiel de s’attaquer à la corruption des acteurs étatiques qui ferment les yeux sur les exportations de grumes de kosso. Il en va de même pour l’engagement de la Chine et d’autres acteurs clés afin de garantir le strict respect des restrictions de l’exploitation forestière et des exportations. Sans efforts concertés de la part des autorités étatiques, le GSIM pourrait consolider son emprise sur les zones forestières du sud du Mali, devenant ainsi l’acteur principal de l’économie lucrative du bois.
Le GSIM se présente comme soucieux des moyens de subsistance des populations dans une économie qui se dégrade, en assouplissant les restrictions relatives à l’exploitation forestière dans les réserves du Baoulé, au sud du Mali. Son expansion a déjà permis de contrôler de vastes étendues de territoire dans les régions de Mopti, Ségou et Tombouctou, au centre du Mali
Dans la seule commune de Kéniéba, dans la région de Kayes, elle a généré environ 13,8 millions de dollars US (8 milliards de francs CFA) entre 2019 et 2021. Des camions remplis de bois, souvent exploités sans permis, sont transportés hors des zones forestières pour la construction, la fabrication de meubles et la production de charbon de bois.
Par Abdoulaye OUATTARA

#danayamedia

 

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