Une vive tension est perceptible à l’Assemblée permanente des chambres des métiers du Mali (APCMM) où plus de 200 tailleurs sont dans l’angoisse après le grand retard, voire le refus, accusé pour le règlement de leurs factures après la livraison confection de plusieurs millions de masques anti-Covid-19 ; sur commande des plus hautes autorités dans le cadre de la politique de riposte contre la pandémie. Le montant réclamé par le collectif est estimé à plus d’un milliard de francs CFA.
Hier mardi, 30 juillet 2024, le collectif a tenu à interpeller l’Etat sur cette créance à la faveur d’un point de presse dans la salle de conférence salle Gaoussou FOFANA de l’APCMM.
Cette conférence de presse était animée par le président du Collectif des tailleurs producteurs des masques COVID 19 Mali (CTPM), Ousmane DIABATE, qui avait à ses côtés, Sété David KEITA, coordinateur des Tailleurs producteurs des masques de protection contre le covid-19 ; N’Golo dit Daouda COULIBALY, ainsi qu’une foule d’artisans tous victimes de cette situation.
Les faits
Faisant la genèse de cette situation l’un des porte-paroles du Collectif, N’Golo dit Daouda COULIBALY, a rappelé que tout est parti quand le président de la République, feu Ibrahim Boubacar KEITA dit IBK avait lancé un appel aux artisans pour la confection de masques pour la riposte contre la propagation de la pandémie covid-19.
C’est ainsi que la faitière par le truchement du président, Mamadou Minkoro TRAORE, a mobilisé les artisans pour répondre à l’appel du Chef de l’Etat.
Il ressort de son propos que deux millions de masques ont été confectionnés et mis à la disposition du gouvernement par les artisans du Mali d’avril à mai 2021.
Mais depuis lors, les artisans attendent le paiement de leur argent.
«C’est des masques produits avec nos propres moyens. Mais malheureusement, nous sommes restées impayées depuis 3 ans. Quand on pose la question à savoir à quand le paiement ? Nous n’avons pas de réponse. Parfois même, nous sommes menacés», s’est-il lamenté.
Selon ses témoignages, des artisans sont morts et d’autres sont en prison après s’être endettés auprès de certaines banques ou autres institutions de finances pour satisfaire les attentes du président de la république qui avait fait appel à leur talent.
L’un des problèmes est dans l’absence de bon de commande dans le cadre de ce marché entre les artisans maliens et le gouvernement.
«Ces masques ont été produits sur demande verbale de l’APCMM et de la conférence régionale des chambres de métiers de Bamako. L’Etat avait besoin que les masques soient rapidement livrés pour les besoins de l’école qui venait de commencer les cours en février 2021 pour l’année scolaire 2020-2021 à cause du COVID-19», a-t-il expliqué.
Malheureusement, toutes démarches entreprises jusque-là restent sans succès auprès des autorités.
Les tailleurs qui souffrent de cette situation exigent le paiement intégral de leurs sous.
«On nous avait promis qu’après la fin de l’opération de réception de la quantité demandée, ils donneront des contrats à tous les livreurs par rapport à ta quantité livrée», a soutenu M. COULIBALY.
L’appel à Assimi
Revenant sur les sacrifices qu’ils ont consentis pour répondre favorablement à la demande des plus hautes autorités, Sété David KEITA, coordinateur des Tailleurs producteurs des masques de protection contre la covid-19 lance un appel au président de la transition pour une diligence dans le paiement de leur argent.
«Nous demandons aux présidents de la république GOITA et son gouvernement d’intervenir dans ce dossier pour éclaircir la situation, et permettre le paiement intégral de notre argent pour sauver nos petites entreprises qui meurent à petit feu à cause de cette affaire», a-t-il imploré.
Aujourd’hui, ces artisans sont préoccupés d’autant que des créanciers sont à leurs trousses pour exiger le remboursement des prêts contractés.
Depuis trois ans, les artisans sont dans l’attente de leurs sous de la part de l’Etat. Le collectif rappelle que les masques sont livrés et les traces existent pour attester de la livraison.
Le collectif dispose de bordereaux d’achat et de commandes pour attester de ce contrat passé pour la fourniture de masques contre la covid-19.Ce sont des centaines de familles qui souffrent.
Aujourd’hui les tailleurs sont désabusés et se tournent vers le président Assimi GOITA pour la fin de leur souffrance due au retard pour ne pas dire refus dans le paiement de leur créance.
» Nous sommes prêts à tout pour être remis dans nos droits » a affirmé un membre du collectif non sans reconnaître l’absence de Bons de commandes dans le contrat.
Dans ce combat pour la survie, le collectif bénéficie du soutien de tous les membres de l’APCMM et des responsables de la faitière.
A en croire les responsables dudit collectif, le ministère de la santé, le ministère de la justice, celui du Commerce ainsi que la primature sont au parfum de cette affaire.
De ce problème que rencontrent les membres de l’APCMM, les victimes reconnaissent que les autorités de la transition ne sont pas responsables de ce contrat mais elles demandent leur compréhension parce qu’à leurs yeux l’Etat est une continuité.
Par Abdoulaye OUATTARA