Plusieurs membres de la famille du jeune homme ayant agressé le président comorien, Azali Assoumani, le 13 septembre dernier, se trouvent à Mayotte où ils demandent la protection de la France.
Aboucaria Saïd Ahamada a fui à Mayotte avec d’autres membres de sa famille à bord d’un Kwassa.
La mère d’Ahmed Abdou Fanou, agresseur présumé du chef de l’Etat comorien, et ses proches « sont venus demander à la France une protection internationale, conformément à ses engagements
internationaux», explique l’avocat Saïd Larifou.
Ils ont déposé une demande d’asile à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides.
C’est par une vidéo publiée sur les réseaux sociaux que les Comoriens ont appris le départ de cette famille vers l’île de Mayotte.
On y voit notamment Aboucaria tenant un bébé dans ses bras et déclarant remercier Saïd Larifou « qui a multiplié les efforts pour que je me trouve ici. J’ose espérer que j’entre dans une phase d’apaisement.»
Pour l’opinion publique comorienne, Aboucaria, vendeuse de fruits et légumes, est d’abord la mère de Fanou, mort en détention dans des circonstances troubles, le 14 septembre dernier, moins de 24 heures après son arrestation.
« La mère de Fanou et son petit frère d’une dizaine d’années sont physiquement et psychologiquement affaiblis. J’ai dû les emmener aux urgences de Mamoudzou où ils ont été pris en charge», a indiqué Saïd Larifou, avocat mais aussi opposant au régime d’Azali Assoumani.
« Azali, ses fils et leurs hommes de main n’ont pas laissé la famille faire le deuil de l’assassinat barbare de Fanou dont l’état de vulnérabilité mentale était avéré et connu des autorités», a-t-il poursuit.
Au lendemain de l’annonce du décès de celui qui est désormais érigé en martyr par une partie de la population, plusieurs membres de sa famille ont été arrêtés par les gendarmes, dont Mouanlim, son demi-frère âgé de 12 ans. Les enquêteurs cherchaient, en fait, le téléphone de l’assaillant du chef de l’Etat.
Fanou avait laissé son smartphone chez lui avant de se rendre aux funérailles du religieux auxquelles prenait part Azali Assoumani, le 13 septembre dernier.
C’est lors de ces obsèques qu’il a agressé le président de l’Union, « d’abord à l’aide d’un poing américain puis avec un couteau», évoque un témoin anonyme.
La garde rapprochée du chef de l’Etat se trouvait en dehors de la maison et « a mis du temps à réagir».
Peu après son interpellation musclée, les enquêteurs ont voulu mettre la main sur son téléphone afin de savoir s’il s’agissait d’un acte isolé ou commandité, et si oui par qui ?
« Ils espéraient qu’il fournirait au moins une partie des réponses à leurs interrogations. Mais le téléphone n’a livré aucun secret facilement puisqu’il semble avoir été formaté», indique un membre de la famille sous couvert d’anonymat.
Ce téléphone, c’est Mouanlim qui l’a trouvé et qui l’a remis à son père, le beau-père de Fanou.
Ainsi, à diverses reprises, plusieurs membres de la famille sont arrêtés, puis relâchés.
« La mère de Fanou se rendait pratiquement tous les jours à la gendarmerie. Une fois, elle a échangé avec l’un des fils d’Azali Assoumani qui est commandant de gendarmerie. Il y a eu un chantage odieux pour qu’elle désavoue l’information crédible selon laquelle son fils avait été torturé», soutient Said Larifou, des propos repris par Mayotte la 1ere.
Contre toute attente, Ali Mohamed Djounaid, le procureur de la République de Moroni, a mis fin à l’enquête sur la mort en détention de l’assaillant du chef de l’Etat, une dizaine de jours après son ouverture.
« Il n’existait ni blessures par arme à feu ni par arme contondante ou tranchante. Suivant ces éléments, le parquet estime qu’il n’y a pas d’opportunité de poursuivre l’enquête», est-il écrit dans le communiqué du procureur publié, le 25 septembre, par le quotidien Al-Watwan, le journal de l’Etat.
Le corps de Fanou a été remis à sa famille dans la foulée de l’annonce de son décès sans avoir été autopsié. Le parquet n’a jamais révélé le lieu de détention de l’agresseur présumé du chef de l’Etat ni les services de sécurité qui le détenaient.
Aujourd’hui, Aboucaria et sa petite famille sont logés chez des proches sur Mayotte, une présence qui ne plaît pas à tout le monde.
Saïd Larifou a ainsi été victime de menaces à son hôtel de la part des membres d’un collectif aux idées proches du Rassemblement national.
« Cette milice m’a intimé de faire partir cette famille de Mayotte dans un délai de 48 heures, faute de quoi elle prendra les dispositions adéquates».
Mais la petite famille risque des représailles si elle retourne aux Comores, d’où la demande de statut de réfugié. L’avocat a de son côté déposé plainte auprès du parquet de Mamoudzou pour les menaces.
Par Abdoulaye OUATTARA (Avec Le Quotidien de la Réunion).
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